jeudi 5 août 2010

Il y a 96 ans (1)

3 août 1914 - L'Allemagne déclare la guerre à la France. Suite à l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand à Sarajevo le 28 juin, et avec le mécanisme des alliances, toute l'Europe est désormais en guerre. Le gouvernement français a déclaré la mobilisation générale la veille, dimanche 2 août 1914. Plus de 5 millions de jeunes Français (soldats et réservistes) se retrouvent ainsi sous les drapeaux, pour combattre l'Allemagne et récupérer l'Alsace-Lorraine, perdues 44 ans plus tôt.


Près de la frontière, à Epinal, vit Michel RICHARD, un homme parmi ces millions d'autres, mobilisés. Né en 1887, il n'a pas encore 27 ans. Il est donc mobilisé dans un régiment d'active. Ce sera le 149e Régiment d'Infanterie, basé à Epinal. Il rejoint aussitôt la 4ème Compagnie du 1er Bataillon de son Régiment. Mobilisé en tant que soldat de 2ème classe, son supérieur est le Capitaine Altairac.

Parti d'Epinal, le Régiment part en train vers Bruyères, puis la Houssière. Le 3 août, quand l'Allemagne attaque la France, la Compagnie de Michel tient le hameau de Vanémont. Le lendemain, la Cie reçoit l'ordre de se rendre dans le village d'Anozel, afin de fortifier et de défendre le col d'Anozel, en cas d'attaque allemande par le front de Saulcy. Mais ce travail ne servira à rien, puisque les Allemands franchissent la frontière beaucoup plus au nord. Le 8 août, alors que l'armée française vient d'entrer dans Mulhouse, le 149e RI se rapproche de la frontière et par pour Wisembach, au pied de la ligne bleue des Vosges, à moins de 3 km de la frontière.

Le 9 août, Michel et sa compagnie, ainsi que tout le Régiment, se portent directement à la frontière. De l'autre côté: Sainte-Marie-aux-Mines. Alors qu'en Belgique la bataille de Liège fait rage, c'est ce 9 août 1914 que Michel va connaître son baptême du feu. Sans doute à ce moment pense-t-il à sa famille. Sa femme, qu'il a épousé en novembre 1910, est enceinte de 4 mois. Elle s'appelle Marthe Dumas, elle a 23 ans et elle est née dans la Nièvre. Ils ont déjà eu un enfant, un an avant leur mariage. Un petit garçon nommé Pierre. Le jeune couple vit à Epinal, route de Remiremont, à la sortie de la ville, tout près des usines où ils travaillent. Michel pense sans doute aussi à sa mère, Marie Amélie. Toujours vivante, elle a accouché du petit Michel alors qu'elle était veuve depuis quelques années. De ce fait, Michel n'a jamais eu de père.

9 août, 3h45 du matin: la Cie de Michel s'installe au Renclos des Vaches, sur la frontière, à près de 1.000m d'altitude. Dans la matinée, à 7h, un bi-plan allemand passe en reconnaissance au-dessus de leurs têtes: c'est sa première rencontre avec l'ennemi. La 4ème Cie passe alors la frontière. Ils sont sur le territoire de Sainte-Marie-aux-Mines, en sol allemand.

A 12h35, alors qu'elle progresse, la Cie se fait tirer dessus par les Allemands. Ca y est, Michel participe à son premier combat. La fusillade est violente, est rapidement, la Cie de Michel est renforcée par 2 autre Cie du Régiment. Bientot, c'est tout le Régiment qui doit faire face à l'attaque allemande. A 14h, 2 sections de mitrailleuse arrivent en renfort. Mais l'ennemi est tellement peu visible qu'elles ne peuvent rien faire. D'ailleurs, l'ennemi vient de recevoir également du renfort. A 15h, la fusillade devient encore plus violente. La situation devient critique du côté français. Heureusement à 17h arrivent en renfort les Cies qui gardaient le col de Sainte-Marie. Alors à lieu une accalmie. Mais d'un seul soup, du côté allemand sonnent toutes les trompettes et les clairons: ils attaquent nos positions, à l'aide des dragons. Les combats sont très violents, et notre ligne fléchit à droite comme à gauche. A 20h, l'attaque cesse.

Malgré la violence de l'attaque, la Régiment a tenu ses positions. Mais les hommes ont le moral très bas. En raison de leur manque de sommeil et du manque de nourriture, dus à une journée entière de combat, les Cies ayant participé à la bataille reçoivent l'ordre de se replier dans le village de Wisembach, pour se reposer. On compte 440 tués, disparus et blessés. Michel, debout depuis 3h30 du matin, arrive avec sa Cie à Wissembach. Dans la 4e Cie, il y a 22 morts, 39 blessés et 15 disparus. Heureusement Michel n'a rien eu. Le lendemain, à Wisembach, le Général Legrand-Girarde viendra félicité le régiment. Et pourtant, ce n'est pas le combat le plus violent que connaîtra le Régiment en ce mois d'août 1914...


Michel Eugène Arthur RICHARD est mon Sosa n°22. A suivre.



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