jeudi 28 octobre 2010

Mon épine généalogique

En réponse à l'article paru sur le blog La Gazette des Ancêtres, je décide de vous présenter à mon tour mon épine généalogique, dans l'espoir de pouvoir la retirer de mon arbre afin d'avancer dans cette branche.

Et le terme d'épine est bien trouvé. En effet, mon épine se situe en plein coeur de la forêt vosgienne, au milieu des bûcherons. Et c'est d'ailleurs tout ce qui en fait sa difficulté. Mais laissez-moi vous les présenter. Car il s'agit d'un couple, mes n° Sosa 90&91.

Charles RICHARD est un Vosgien du XIXème siècle. Il vit avec son épouse, Marie Anne MATHIEU, dans l'est du département, c'est à dire dans la partie montagneuse et très boisée. Du sapin, du hêtre, de l'épicéa... Charles est sagard. J'avais découvert ce métier enfant, quand lors d'une sortie scolaire, la maîtresse nous avait amené à la découverte d'une scierie des Hautes-Vosges. (HS-on: A l'époque, la seule chose qui m'avait impressionné, c'était les trous dans les troncs des arbres. Le guide nous avait expliqué que c'était les traces des boulets de canons prussiens lors de la guerre de 1870. Légende ou réalité? HS-off). Voici la définition que donne le dictionnaire du mot sagard: "Dans les Vosges, ouvrier qui débite le bois en planches." Charles travaillait donc dans la filière du bois; il était celui qui découpait les troncs en branches, à la scierie (dans les Vosges, les scieries étaient souvent actionnées par une roue à eau, car installées à proximité des ruisseaux descendants de la montagne.)

L'inconvénient de ce métier, c'est qu'on change souvent de scierie. En effet, le sagard et sa famille était hebergé à la scierie pendant un certain nombre d'années, avant de devoir partir vers une autre scierie. C'est dans ces démenagements que je perds la trace du couple RICHARD-MATHIEU. Dans les années 1870, âgés, ils vivent à La Bresse, village montagnard aujourd'hui devenu station de ski familiale. Je les retrouve lors des mariages de leurs enfants entre 1870 et 1877. Un peu plus loin, je trouve même la mort de Charles, le 27 mars 1877, à l'âge de 59 ans. Il est dit né à Raon-l'Etape, village à la frontière nord du département. Bien sûr, je ne retrouve aucune trace de son acte de naissance à Raon-l'Etape dans les années 1815/1820... Ce qui est étrange également, c'est que sur son acte de décès, sa femme est dite habitant dans un autre village. D'ailleurs, au début des années 1880, je trouve le décès d'une Marie-Anne MATHIEU dans ce village. Seulement, celle-ci est dite être sans famille connue, elle habite chez un habitant du village, c'est tout juste si l'on est au courant de son âge et de son prénom. Drôle de famille...

Sur les actes de mariage de leurs enfants, on apprend qu'ils sont tous né à Gérardmer, "la perle des Vosges", connu pour son lac, un peu plus au nord de la Bresse. C'est ainsi qu'entre 1843 et 1853, je trouve la trace de 7 enfants: 5 garçons et 2 filles. L'aîné s'appelle Jean-Baptiste, il est né le 21 juin 1843. Charles, son père, est donc supposé avoir 25 ans, ce qui semble probable pour un premier enfant. Mais, mystérieusement, aucune trace d'un éventuel mariage entre Charles et Marie Anne Mathieu les années précédent cette naissance. Aucune trace: le couple semble s'être évanoui dans la nature. Je suppose, étant donné le métier de Charles, qu'il devait travaillé dans une autre scierie dans un village voisin. Mais j'ai eu beau cherché dans toutes les communes de l'est du département, je n'ai trouvé aucune trace de ce mariage dans les tables décennales de 1833 à 1842. Pas plus de trace de la naissance de Charles, vers 1818.


Voici donc le problème: où se sont mariés Charles RICHARD et Marie Anne MATHIEU? Quand et où sont-ils nés?

J'espère un jour pouvoir répondre à ces questions.



Charles Richard, de sa plus belle écriture.
Ci-dessous: sa femme






Mise à jour 30/10/2010: Le mariage de Charles RICHARD et de Marie-Amélie MATHIEU a été retrouvé. Grâce aux deux commentaires anonymes, que je remercie beaucoup. Ils ont cherché sur le site Généalogie.com, et ils ont retrouvé en quelques clics ce que je cherchais depuis plusieurs mois (j'avoue ne pas avoir encore le réflexe Généalogie.com). Le mariage a eu lieu le dimanche 28 août 1842 à Ban-sur-Meurthe, à quelques kilomètres de Gérardmer. Le mariage a lieu 10 mois avant la naissance de leur premier enfant... cela colle parfaitement. Malheureusement, je n'ai pas trouvé trace de l'acte de mariage sur les Archives en Ligne des Vosges: en effet, les registres de cette commune s'arrête à l'an XI.

Par contre, grâce à ces renseignements précieux, j'ai pu retrouver en quelques minutes l'acte de naissance de Charles, à Saint-Rémy, à 5km de Raon-l'Etape. Autre surprise: c'est un enfant naturel légitimé. Ce qui peut paraitre étrange, car sur cette branche, pratiquement tous mes ancêtres sont des enfants naturels ou qui n'ont jamais connu leurs pères.


Acte de naissance de Charles HUSSON le 17/08/1818 à Saint-Rémy

jeudi 7 octobre 2010

Mort d'un Milicien

Trouvé dans les registres des sépultures de la ville de Rupt-sur-Moselle (sud-vosgien)



Dermanville joseph arnoul milicien agé de vingt
six ans est mort a doiye en flandres muni
des sacremens de penitence d'Eucharistie
et d'Extreme onction agé de vingt six ans
le vingt quatre may 1743 et a été enterré
le vingt cinq dans le cimétière de nôtre
dame.
NSSimon Curé de Rupt


La Dermanville est à l'époque un hameau faisant partie du Ban de Longchamp, à la frontière entre le Duché de Lorraine et la Franche-Comté française. Le jeune Joseph Arnould, né vers 1717, était donc lorrain. D'après le Curé de Rupt, il était milicien. Il existait bien en France la Milice provinciale. Cette milice, créée en 1688, servait à tenir les frontières françaises en cas de guerre. En gros, pendant que l'armée "régulière" se battait avec les ennemis sur le front, la milice occupait les places fortes frontalières, pour éviter une invasion du pays en cas de défaite de l'armée.



La milice a tenu ce rôle au cours de plusieurs guerres que connu la France au XVIIIème siècle, notamment pendant la Guerre de Succession d'Autriche, qui dura de 1741 à 1748, sous le règne de Louis XV.



Cette guerre débute lorsque la jeune Marie-Thérèse d'Autriche succède à son père l'Empereur Charles VI, en décembre 1740. Que vient faire la France dans cette histoire? Et bien, c'est une femme, et pour simplifier, le tout nouveau Roi de Prusse Joseph II décide de lui déclarer la guerre afin de récuperer la Silésie. La France, pour qui les Habsbourg (la famille de Marie-Thérèse) sont un ennemi héréditaire, décide de s'allier à la Prusse, ainsi que l'Espagne et la Bavière. De son côté, Marie-Thérèse est soutenue par le Royaume-Uni et les Provinces-Unies (Pays-Bas). Tout est en place pour une guerre européenne...




La porte de Valenciennes à Douai, vestige des remparts de la ville


Rapidement, la Prusse signe la paix avec l'Autriche, qui lui permet de garder les territoires gagnés. La France se retrouve donc avec une guerre sur les bras où elle n'a aucun intérêt! Il se trouve qu'à la frontière nord du pays, il y avait les Pays-Bas Autrichiens et les Provinces-Unies, tout deux alliés contre la France. Alors que des batailles mettant en scène l'armée française se déroulaient partout en Europe (notamment à Dettingen en Bavière en 1743), il fallait bien protéger la frontière nord du Royaume!



Douai était une de ces places fortes tout près de la frontière. A l'époque, elle était entourée de murailles. Et comme prévu, c'est la milice provinciale qui tient la garnison de la ville. Parmi ces miliciens, un jeune paysan venant de sa Lorraine natale, Joseph Arnould. Que se passe-t-il à Douai en mai 1743? En tout cas, Joseph meurt le 24 mai. Des suites de blessures dues à un eventuel combat, ou tout simplement de maladie? Le curé ne le précise pas. Pas sur le champ de bataille, puisque que Joseph a eu le temps de recevoir les derniers sacrements.



Porte principale de l'Eglise Notre-Dame, XIIIème siècle


Joseph est enterré le lendemain, dans le cimetière de l'église Notre-Dame. L'Eglise touche quasiment les remparts, on peut donc penser que Joseph avait pour mission de garder la Porte de Valenciennes, seule vestige des remparts de Douai à cet endroit. L'Eglise date du XIIIème siècle, mais a été remanié plusieurs fois au cours des siècles. Le cimétière a disparu, même s'il subsiste des tombes datant du XIIIème siècle sur le côté de l'Eglise.



Ce qui est étrange, c'est que Joseph Arnould était un milicien combattant pour la France, alors que logiquement il n'était pas Français, mais sujet du Duc de Lorraine (la Lorraine ne deviendra française que 23 ans après sa mort). On remarquera également l'orthographe du Curé de Rupt quand il écrit Douai: Doiye en Flandres...



Voilà tout ce qu'on peut apprendre sur la grande Histoire à partir d'un simple acte de décès!



Sources:

Si j'ai fait des erreurs, merci de me les signaler :-)




lundi 4 octobre 2010

Généalogie en direct: Episode 5

A la recherche des origines de la famille Koenig, voici où nous en sommes avant ce 4ème épisode:
-Jules Fernand Koenig (1897-1970), fils de;
-Emile Koenig (1873-1956), fils de;
-Aloïse Koenig (1842-après 1896), fils de;
-François Antoine Koenig (an III-1864), fils de;
-François Joseph Koenig (c.1767-1821).

On sait que le père de François Joseph était toujours vivant à son mariage en 1792 à Obernai. Il s'appelle François Antoine Koenig, et il vit encore à Nordheim, le village natal de Frantz-Josef. Il est veuf, et en imaginant que Frantz-Josef soit son premier fils et qu'il l'ait eu à 20 ans, cela nous donne un âge minimum de 45 ans. Malheureusement, en recherchant dans les archives de Nordheim et d'Obernai, je n'ai pas réussi à retrouver son acte de décès...

On sait qu'il a eu son fils vers 1767, à Nordheim. Or, les registres de baptêmes de Nordheim ont brûlé pour cette période. Impossible donc de retrouver le baptême de François-Joseph. Par contre, le registre des actes de mariage est sauf. On peut tenter de retrouver le mariage des parents de François-Joseph, puisqu'on connait leurs noms: François Antoine Koenig et Catherine Hauer. Encore faut-il qu'ils se soient unis à Nordheim.

On commence donc par trouver le registre des mariages de 1767, date supposée de la naissance de leur fils. Ils se sont donc logiquement marié avant. A partir de 1767, il suffit de remonter dans le temps pour trouver l'acte éventuel. Et par chance, en 1763, on trouve l'acte d'un mariage célébré entre Franciscum Antonium König et Catharinam Humann.



Et oui, car l'acte est en latin... autre caractéristique de l'Alsace. Quand les registres ne sont pas en allemand ou en alsacien, ils sont en latin. C'est la Révolution et la mise en place de l'Etat-Civil qui imposera le français dans les registres.



Et comme je n'ai jamais été très assidu aux cours de latin... Merci Généanet! Car il existe un forum spécial latin, où des bénévoles traduisent les actes. C'est ce que j'ai fait avec cet acte, ici. Et on y apprend énormement de chose.



Le mariage a lieu le 21 janvier 1763. François Antoine Koenig est maçon, loin des métiers du monde du vin qu'exerceront ses descendants à Nordheim puis à Obernai. Il est le fils de Francisci Galli König, que l'on peut essayer de traduire en français par François Gall Koenig, et de Anne Marie Jäger. Gall, drôle de prénom! Au moment du mariage, le père du marié est toujours vivant, mais sa mère est morte. Surprise, on apprend que le marié n'habite que depuis quelques années au village de Nordheim. Il est en fait originaire de Lustnau près du Rhin.






Après quelques recherches, on apprend que le seul village portant ce nom se trouve en Allemagne... Plus précisément dans le Bade-Wurtemberg. Mais le village de Lustnau n'existe plus aujourd'hui; il a été absorbé par la ville voisine de Tübingen en 1934. Aujourd'hui, ce n'est qu'un quartier au nord-est de la ville.



Il y a 115km de distance entre Lustnau et Nordheim. Ce qui ne devait pas être une mince affaire à faire dans les années 1750. A cette époque, Lustnau fait partie du Duché de Wurtemberg, dirigé par Charles II. Lors de son accession au pouvoir en 1728, le duc avait dû céder à la France les quelques terres qu'il avait en Franche-Comté et... en Alsace. Le pays est à majorité protestante. Et au moment de la naissance de François-Antoine, surement dans les années 1730, le petit duché était secoué par l'affaire du Juif Süss. Ou quand la petit histoire rejoint la grande...

Bien entendu, les recherches en Allemagne ne sont pas aussi facile qu'en France. D'abord à cause de la langue. Et puis parce-que l'organisation de l'état-civil n'est pas le même là-bas. Peut-être même les registres de cette époque n'existent plus. De toutes façons, ils ne sont pas en ligne, donc impossible de remonter plus loin dans le temps.




Finalement, on sait peut de chose de Frantz-Anton König. C'était un Allemand, à une époque où l'Allemagne n'existait pas. Il est né à Lustnau, un petit village tout proche de la grande ville de Tübingen, siège d'une prestigieuse université. C'était un Wurtembergeois plus précisément, du nom d'un des nombreux duché du Saint-Empire Romain Germanique. Il est le fils de Frantz-Gallen König (François-Gall Koenig) et de Anne Marie Jäger. Dans les années 1750, il quitte son pays pour venir vivre à Nordheim, petit village alsacien, où il se marie avec une jeune fille du pays le 21 janvier 1763. Il est donc né surement à la fin des années 1730. Elle s'apelle Catherine Hauman. François-Antoine Koenig meurt après 1792, on ne sait pas où ni quand.


Sources: