lundi 26 décembre 2011

1769 & 1770

Registre des décès de Pouxeux / © AD 88

Dieu preserve les siecles avenir d'années
semblables à celles de 1769 et 1770 en la première
nous avons étés grelés de façon a ne pas faire
recolte d'un grain de seigle et la seconde Dieu
ouvrit les cieux et en deux heures toute la
superficie de la terre ne fut plus qu'une nappe
d'eau qui forma des cavités qui seront à jamais
les thémoins de ce nota neuf personnes furent
noyé à eloy et plusieurs maisons renversées
le cimetiere de pouxeux raviné en partie - Gremillet

À l'aube de la nouvelle année, il est parfois bon de se retourner pour regarder ce que furent les années passées.
Quelques jours avant 2012, en se retournant et en regardant loin (il faut avoir une bonne vue!), on a encore quelques échos des années du XVIIIème siècle. Comme ici, où le curé de Pouxeux rapporte les calamiteuses années 1769 et 1770. Et prie Dieu que cela ne se reproduise jamais dans les siècles à venir. En souhaitant que 2012 ne voit ni la grêle, ni les inondations.
Au passage, on peut remarquer le côté légèrement exagéré de l'histoire; si on en croit le curé, c'est un nouveau Déluge qui s'abattit sur Terre en 1770. Il y eut tout de même 9 morts. Mais de là à croire que toute l'étendue de la terre était sous les eaux...

Joyeux Noël et Bonne Année 2012, pleine de découverte!

Pouxeux

mardi 13 décembre 2011

La Mort

© AD 88 / Registres de Vienville
Lors que nous y pensons
le moins la mort nous
prend par la mains mais nous
deuvrions bien songer de peur
de ny estre attrapé car il no...

Bien philosophe, le curé de Vienville... En 1673, au bas d'une page du registre des décès, il écrit cette petit réflexion sur la mort. Malheureusement, il manque la fin du texte, il ne figure pas sur la page suivante.

jeudi 1 décembre 2011

La Nièvre en ligne

La Fermeté (Nièvre)

On l'attendait, on l'attendait... La mise en ligne était prévue pour courant novembre. Finalement, c'est le 30 novembre à 14h. que le département de la Nièvre a mis ses archives en ligne!
Le site est disponible ici. Il est plutôt facile d'utilisation, et les images sont de bonne qualité. Seul bémol: la principale source pour des recherches généalogiques, c'est à dire les registres d'état-civil et paroissiaux, ne seront mis en ligne qu'à partir de décembre et durant toute l'année 2012...
Il nous reste cependant les TD, les recensements, quelques inventaires, et surtout, une source originale, les déclarations de grossesse du XVIIIème siècle! On en souhaiterait presque trouver un ancêtre né de père inconnu, juste pour fouiller dans ces dosseirs...

Ce département me concerne car j'ai une branche qui s'y perd dès la fin du XIXème siècle. Dans le petit village de La Fermeté pour être précis. Mon Sosa n°23, Marthe DUMAS, née à La Fermeté en 1891, mariée dans les Vosges en 1910 et veuve de guerre en 1914. J'ai déjà retrouvé ses grands-parents au recensement de 1890 de La Fermeté. Vivement la mise en ligne des registres!


Recensement de 1890 / © AD 58

jeudi 24 novembre 2011

Tremblement de terre!

Acte de baptême de La-Chapelle-aux-Bois/ © AD88

Ce 12ème May 1682 fut bap. Catherine fille de François
Chassard et Catherine sa femme de la Chapelle il y a
eu pour [...] et parrain Claude Gadenol a la
place de Dominique Gadenol son fils et pour
marraine Marie fille de Claudel Chassard tous de
la dite Chapelle; et le mesme jour 12ème de may
1682 il sa faict a la pointe du jour des tramblemen
de terre très horrible et espouvantable qui ont
causez grand dommage dans l'eglise de ladte
chappelle et dans les maisons de la paroisse

Ce texte se trouve dans les registres paroissiaux de La Chapelle aux Bois, petit village du sud-vosgien.

C'est un acte de baptême assez classique, mais la suite l'est beaucoup moins. Il y est fait mention du tremblement de terre qui fut ressenti dans tous l'est de la France dans la nuit du 11 au 12 mai 1682, vers 2 heures du matin (à la pointe du jour, comme le dit le curé). Il fut même ressenti jusque Paris et Versailles, où Louis XIV fut sans doute tiré de son sommeil.

Aujourd'hui, il semble que l'épicentre de ce séisme se trouve à Remiremont, une ville à une vingtaine de kilomètres de la Chapelle aux Bois. D'après les experts actuels, il semble que ce séisme eu une magnitude de 8 sur l'échelle de Richter, ce qui le classe dans la catégorie des séismes importants. Pour comparaison, le récent séisme japonais qui fit 15.000 morts et dévasta la centrale de Fukushima était de 9.

D'après le curé, l'église fut très endommagée, mais il n'y eut aucune victime. Certaines descriptions de l'époque sont vraiment exagérées, notamment à Remirement, où certains décrivent des flammes immenses sortant de terre. En tout cas, il y eut des répliques dans les jours suivants, et les habitants de Remiremont restèrent dans les bois pendant 6 semaines... Les dégats furent estimés à 50.000 francs de Lorraine. Les dégats furent si importants à Remiremont que les habitants obtinrent de Louis XIV le droit de ne pas payer d'impôts pendant 6 ans. Un journal parisien écrivit même que 2 religieuses furent écrasées quand le bâtiment des Dames de Remiremont s'écroula: mais il faut être prudent, aucune trace de ces décès ne se retrouve dans les registres.

Quelques sites sur ce séisme:

L'église de La-Chapelle-Aux-Bois

lundi 21 novembre 2011

Jubilé 1682

Registres des Baptêmes 1664-1685 / © AD88

L'année mil six cent quattre
vingt et deux l'on a faict un
grand Jubillé par toutte la
Lorrainne qui dura quinze
journée - 1682

Trouvé dans les registres du petit village de Vienville, près de Corcieux dans les Vosges. Le curé y fait part d'un grand Jubilé qu'il y aurait eu en 1682.

- Jubilé:
* Fête qui célèbre à intervalles réguliers l'anniversaire joyeux d'un évènement dont les effets se prolongent dans le temps (règne, mariage, etc.). Généralement, un cinquantenaire.
* Dans la religion catholique, indulgence plénière, solennelle et générale, accordée par le Pape en certains temps et en certaines occasions.

Reste à savoir à quelle définition se rapporte le Jubilé de 1682.
La première? En 1682, en France, Louis XIV était roi depuis 39 ans; en Lorraine, Charles V était duc depuis 7 ans. C'est un curé qui écrit ce texte, peut-être le Jubilé de l'Évêque? Mgr. Jacques de Fieux était Évêque de Toul depuis 6 ans. À priori, il ne s'agit donc pas de la 1ère définition.


Innocent XI (1611-1689)

Il s'agit donc de la définition religieuse. En effet, en mars 1682, le Pape Innocent XI décrète un Jubilé Universel, qui dure 15 jours. Le but de ce Jubilé est de "maintenir la Paix entre les Princes chrétiens". Il faut dire qu'à l'époque, le Roi-Soleil s'est allié aux Ottomans musulmans contre l'Empire d'Autriche, et que le lendemain du début du Jubilé, le Clergé du Royaume de France adopte la Déclaration de Quatres Articles, rédigée par Bossuet, et prônant le gallicanisme face au Pape...

La célèbre Mme. de Sévigné fait référence à ce jubilé dans une de ses lettres, lisible ici. On y apprend que ce Jubilé se déroula du 18 mars au 31 mars 1682, et qu'il fut fêté dans toute la France, et surement dans toute l'Europe... et même dans le petit village de Vienville!

Église Saint-Jacques à Vienville / © michel88 sur Panoramio

Sources:
-AD en ligne des Vosges
-Wikipedia

lundi 31 octobre 2011

Le Doyen (3)

Nouveau record battu dans mon arbre généalogique: j'ai trouvé un nouveau doyen (l'individu ayant vécu le plus longtemps).

Il y eut d'abord Pierre Michel POUTAS, Normand né en 1738 et mort à l'age de 86 ans et 5 mois.
Il y eut ensuite François BIGEY, Haut-Saônais né en 1774 et mort à l'âge de 88 et 2 mois.
Il y a maintenant Nicolas GÉRARD, que je vais présenter

Signature de Nicolas GÉRARD / © AD 88

Nicolas GÉRARD est mon Sosa n°558. Il est né le 23 septembre 1700 à Vagney, au pied des Vosges, fils de Dominique GÉRARD et Jeanne LA SAUCE. Il n'est pas leur premier enfant: il a par exemple un grand frère, Claude, né en 1688 (j'y reviendrai plus tard).

En 1724, Nicolas part à Rupt-sur-Moselle, à quelques kilomètres de chez lui, pour se marier à Marie ANDREUX. Au total, ils ont 16 enfants, comme indiqué sur l'acte de décès de Marie en 1780. Son mari Nicolas lui survit. Lui qui est né en 1700, sous le règne de Louis XIV, il s'éteint le 7 ventôse an II, à l'âge de 93 ans, 5 mois et 2 jours, en pleine période révolutionnaire.

Mais Nicolas GÉRARD eut une vie très simple, presque banale. Un mariage sans doute heureux, de nombreux enfants, et une vie loin d'être miséreuse. Bref, rien de surprenant. Il était laboureur. Mais c'est en étudiant sa famille que j'ai découvert quelque chose de plus surprenant.

Baptême de Nicolas GÉRARD en 1700 / © AD88

En effet, première nouvelle: le père du petit Nicolas était greffier du Ban de Vagney. Une fonction juridique qu'on ne se prépare pas à trouver quand on étudie une famille de laboureurs. Sous l'Ancien Régime, l'office de greffier pouvait s'acheter. S'il était reservé à la noblesse au Moyen-Âge, petit à petit, les gros laboureurs et les bourgeois y accèdent. C'est le cas ici avec Dominique GÉRARD, qui a surement acheté sa charge. À cette époque, un greffier s'occupe de la gestion administrative des tribunaux, convoque la population et rédige les comptes-rendus. Il s'occupe aussi de la gestion des archives.

Un poste respectable qui devait faire une certaine impression sur les voisins. Dominique GÉRARD a un fils avant Nicolas, qu'il appelle Claude. Ce Claude GÉRARD part vivre en Alsace, à Masevaux, où il épouse une fille du pays. Il a à son tour des enfants, par exemple en 1729, il donne naissance à un certain Conrad-Alexandre GÉRARD.

Conrad-Alexandre GÉRARD est donc le neveu direct de mon Nicolas GÉRARD. Se sont-ils déjà rencontrés? C'est possible. Mais vu le destin de Conrad-Alexandre, ce serait étonnant. En effet, Conrad-Alexandre GÉRARD, grand diplomate de Louis XVI, est le premier Ambassadeur de France aux États-Unis.

Conrad-Alexandre GÉRARD / © Cosmeo

Grand diplomate, il accueillit lui-même la jeune Marie-Antoinette d'Autriche en France en 1770, future Reine. En 1778, il signa avec Benjamin Franklin le traité dans lequel la France reconnaît l'indépendance des USA. La même année, il est anobli comte de Munster par Louis XVI. Mon ancêtre est l'oncle d'un comte! L'a-t-il jamais su?

En tout cas, de belles découvertes en perspective sur cette branche. Je ne m'y attendais absolument pas en travaillant sur Nicolas GÉRARD. Comme quoi, la Généalogie réserve toujours des surprises!


Sources:

mardi 25 octobre 2011

Une grande famille

Acte de sépulture de Marie Gérard / 1780, Rupt-sur-Moselle

L'Épange -
L'an mil sept cent quatre vingt le quinze janvier est décédée
à l'Épange, munie des Sacremens de l' Eglise, Marie Andreux,
femme de Nicolas Gérard laboureur au dit lieu, agée de
soixante et dix huit ans, se voyant après cinquante cinq ans
trois mois de mariage, mère de seize enfants, grand-mère de
cinquante-trois, et grand-grand-mère de vingt-deux. Le lendemain
son corps a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse en
présence de son mary et du Nicolas Gérard son fils qui ont signé.


C'est la première fois que je vois un acte de ce genre. Et par chance, Marie ANDREUX fait partie de mon arbre (Sosa n°559).

L'autre avantage, c'est que le curé situe la date du mariage de Marie ANDREUX et Nicolas GÉRARD vers octobre 1724. C'est un renseignement précieux, car le registre des mariages de Rupt des années 1720 et 1730 a disparu...

Au total, le curé (qui s'appelle GÉRARD aussi) dénombre 16 enfants, 53 petits-enfants et 22 arrières-petits-enfants, ce qui fait une descendance de 91 personnes! Du boulot en perspective pour tous les retrouver!


Sources: AD des Vosges

lundi 24 octobre 2011

Quelques signatures

En attendant la mise en ligne prochaine des Archives de la Nièvre, prévue pour novembre, et pour rebondir sur un article de La Gazette des Ancêtres concernant les signatures de nos ancêtres, je fais cet article pour suivre une famille de ma généalogie, les Mangin, à travers 5 générations.

Dès qu'on atteint le XIXème siècle, il est difficile de matérialiser concrètement nos ancêtres. Les photos sont très rares, et les descriptions qu'on peut avoir d'eux sont généralement floues. Les signatures nous permettent d'être directement "en contact" avec eux, ou du moins de connaître un peu leur personnalité. Une signature, c'est un peu de leur intimité.


Née en 1791 à Uzemain (Vosges), décédée au même endroit en 1861, à l'âge de 70 ans. Mariée 2 fois, mère de 9 enfants.
Nous sommes au XIXème siècle, dans un milieu de petits propriétaires paysans. C'est une femme, et pourtant elle sait signer. Mais la signature reste tremblante, et on devine bien que Marie Magdelaine avait une connaissance très limitée de l'écriture. C'est d'autant plus frappant quand on voit la signature de son père.



Son père, Vincent, était charron. Né en 1767, mort en 1841 à 73 ans, il a toujours vécu à Uzemain. Marié pendant la Révolution, Marie Magdelaine est la première de ses 11 enfants.
De sa signature, on repère tout de suite qu'il était familier de l'écriture. Les lettres sont bien faites, le tracé est régulier, il y a même une petite "décoration" après le "N" de la fin. Il savait sans doute lire et écrire. En comparant avec sa fille, on devine que les filles et les garçons n'avaient sans doute pas la même éducation...



Né en 1730 à Uzemain et mort à 54 ans en 1785. Il était laboureur. Marié une fois, je lui ai retrouvé 8 enfants pour l'instant. Son fils Vincent était le cinquième.
Comme son fils, il n'écrit que l'initiale de son prénom. Comme son fils, il met un point après cette initiale. Sauf que lui, il relit le "J" de "Jacques" avec le reste de son nom, en un seul trait de plume. Les autres lettres sont bien tracées, chacune à la fois, comme s'il s'était appliqué pour écrire chacune d'entre elle. Peut-être n'avait-il pas l'habitude d'écrire? En tout cas, il avait quand même de solides bases, même si son fils semble mieux maîtriser l'écriture.


Né en 1706 à Charmois-l'Orgueilleux (Vosges), il meurt en 1754 à Uzemain, à 48 ans seulement. C'est lui qui a installé la famille Mangin à Uzemain. Marié une fois, il a 8 enfants, dont Jacques est le premier.
Bien que s'appelant Jean Blaise, il ne signe que de Jean. La raison? Son père s'appelle également Jean Blaise... La signature de Jean est plus maladroite que celle de ses descendants. Il était également laboureur, mais au début du XVIIIème siècle, la maîtrise de l'écriture était sans doute moins répandue chez le petit peuple. N'empêche qu'il signe quand même d'une façon assez sûre: il devait savoir lire et écrire.


Né vers 1677, il meurt en 1733 à Charmois-l'Orgueilleux, âgé de 56 ans. Il a donné son prénom à son fils.
Sa signature est très approximative. Il fait des pâtés (mais bon, on imagine très bien que le maniement d'une plume d'oie ne doit pas être très facile!), et il n'écrit pas très droit. Les traits sont maladroits, on sent qu'il ne devait pas se servir d'une plume tous les jours. C'est peut-être ce genre de signature qui est le plus touchant, de s'avoir qu'un homme a fait de son mieux pour faire une belle signature. Il est mort il y a près de 3 siècles, et pourtant on l'imagine accrochant le papier de la feuille avec la plume, parce-qu'il la tient mal en main.


jeudi 22 septembre 2011

Citations bibliques

Trouvé dans les registres paroissiaux du village de Cornimont, au coeur des montagnes vosgiennes, ces 2 citations bibliques, ainsi que ce dessin.


La première citation se trouve à la fin du registre des Sépultures de l'année 1766. Elle est accompagnée d'un dessin. Elle est en latin, alors que le reste du registre est bien en français.

"Sublevabis de corruptione vitam meam
Domine Deus meus
Jonæ Cap.II V.7
"

Il s'agit d'une citation issue de l'Ancien Testament, plus précisément du Livre de Jonas, Chapitres II, Verset 7. Oui, c'est bien le même Jonas que celui qui finit dans le ventre d'une baleine. D'ailleurs, la citation provient du moment où Jonas, dans le ventre de sa baleine, envoie une prière à Dieu. Dans la Bible en français, elle est traduite ainsi: "Seigneur mon Dieu , tu débarrasseras ma vie de la corruption". Mais le curé l'a un peu transformée, et dans ce registre, elle se traduit ainsi:

"Par la mort, Dieu débarrasse l’homme du poids du monde, de la corruption, (c’est-à-dire du péché), et lui ouvre les portes du Paradis"

Quant au dessin, il représente un catafalque, avec tous le matériel nécessaire au curé pour permettre au défunt d'être sûr d'entrer au Paradis: une petite marmite contenant de l'eau bénite, et un goupillon pour asperger l'eau bénite sur le cercueil, le tout encadré par 4 cierges. Même si le curé ne maîtrisait apparemment pas l'art de la perspective, son dessin reste quand même touchant, avec près de 250 ans de distance!


La deuxième citation provient du Registre des Baptêmes de l'année 1766. Pas de petit dessin cette fois, simplement ce texte:

"Corona senum filii filiorum
et gloria filiorum patres eorum
Proverb: Cap. XVII V.6"

Toujours issu de la Bible, cette fois du Livre des Proverbes, également dans l'Ancien Testament (chapitre 17, verset 6). On peut la traduire ainsi:

"Les parents tirent leur gloire de leur descendance , et les enfants de leurs ancêtres."

Décidément, ce curé était d'humeur poétique en cette fin d'année 1766!


Sources:

vendredi 16 septembre 2011

Une épine de la fin du XIXème siècle

Présentation d'une petite épine généalogique qui, sans me bloquer dans mes recherches, me chatouille bien le pied quand même!

Elle concerne Marie Marguerite DUPOIRIEUX (Sosa n°215). Fille de Jean-Nicolas DUPOIRIEUX et de Marie Marguerite FINEL, elle nait en mars 1814 à Pierrefitte, petit village de la plaine des Vosges. Son père descend d'une longue lignée d'instituteurs remontant à la fin du XVIIème siècle. Sa mère est simplement dentellière.

Signature de Marie Marguerite DUPOIRIEUX / (c) AD88

Marie Marguerite DUPOIRIEUX se marie dans son village en 1836. Elle a 22 ans, son futur également. Il s'appelle François HENRIOT et il est vigneron. Ils vont vivre 43 ans ensemble, jusqu'au décès dudit François en 1879. Elle a 65 ans, et jusque là, j'ai réussi à retracer sa vie. C'est après que ça se complique. Pas moyen de la suivre, et impossible de savoir où et quand elle est morte. La dernière trace que j'ai d'elle date de 1896, elle avait alors 81 ans.

Il faut procéder comme dans une enquête, et explorer toutes les pistes afin de la retrouver. De sa naissance en 1814 au moment où je perds sa trace en 1896, elle a toujours habité à Pierrefitte. Mais peut-être qu'en vieillissant, devenue veuve, elle est allée vivre chez un de ses enfants dans un autre village? Le seul moyen de le savoir est de faire la liste de tous ses enfants, de les retrouver et de voir qu'elle était leur situation au tournant du XXème siècle.


Pierrefitte, dans les Vosges / (c) Google Earth

De son mariage avec François HENRIOT en 1836 sont nés:

* François Arsène - Né en février 1837, soit 5 mois seulement après leur mariage. Il meurt à 11 mois.

* Marie Éloïse - Née en mars 1838. Elle se marie en 1868 avec un gars du village, Alexis GRANDJEAN. Elle meurt prématurément en mettant au monde la première fille du couple, le matin du 20 juin 1870. La petite ne survivra pas non plus.

* Marie Marguerite Félicité dite Phélie - Née en avril 1839. Elle sera la première fille que le couple mariera, en 1861. L'heureux élu est François-Xavier MATON, originaire de Valfroicourt. En 1896, elle est toujours vivante, et en 1906 elle est encore présente au recensement de Valfroicourt. Peut-être sa vieille mère s'est-elle réfugiée chez elle à Valfroicourt?

* Marie Rosalie Virginie, mon ancêtre - Née en avril 1841. Mariée en 1867 à Pierrefitte avec Jean Dominique Joseph GUYOT. Elle meurt en 1894 à Pierrefitte, elle n'a donc pas pu héberger sa mère après 1896.

* Marie Augustine - Née en décembre 1842, elle meurt à l'âge de 6 mois.

* Marie Léonie et Marie Joséphine - Deux petite jumelles nées en février 1842. La première ne vit que 3 jours et la seconde ne dépasse pas 2 jours de vie.

* Marie Catherine Eugénie - Née en février 1845, elle ne vit qu'une semaine. C'est la 4ème petite fille de suite que le couple doit enterrer, en moins de 3 ans.

* Marie Joséphine - Née en mars 1846. Encore une fille! Mais celle-ci survit. Elle se marie une première fois en 1872 avec un homme de l'âge de son père, Nicolas DELACHAMBRE, capitaine en retraite... Mais elle était enceinte de lui, et elle accouche 2 mois seulement après le mariage. Le mari meurt rapidement, et elle se remarie en 1886 avec François Céleste PETITDEMANGE, originaire de Ville-sur-Illon, un gros bourg du coin. Peut-être allé voir de ce côté?

* François Paul - Né en septembre 1847, c'est le premier garçon du couple qui survit plus d'un an. Malheureusement, il a 22 ans quand la guerre de 1870 éclate, et il est envoyé au combat... Engagé dans les Gardes-Mobiles des Vosges, il tombe malade en décembre 1870 sur les bords de la Loire, alors que les Prussiens viennent de prendre Orléans. Il meurt à l'hôpital militaire de Nevers en janvier 1871, après un mois de fièvre typhoïde. Sa famille ne sera prévenue qu'en mai. Il était célibataire. Son nom a été gravé sur le Monument aux Morts de la Guerre de 1870-71 de la ville de Darney, regroupant tous les morts du canton tombés au combat.

Monument 1870-71 de Darney (Vosges)

* Marie Charles Céleste - Né en décembre 1849. Et oui, il s'agit bien d'un homme! Bien sûr, dans la vie de tous les jours, il se faisait appeler Charles. Quelle idée de donner Céleste comme prénom à un petit garçon. Il se marie en 1877, mais il n'a pas d'enfant. C'est lui qui héberge sa mère après la mort de son père. En 1896, elle vit encore chez lui, avec la femme de son fils et la mère de celle-ci. Au recensement de 1901, Marie-Marguerite DUPOIRIEUX a disparu. Ce qui me laisse croire qu'elle est morte entre 1896 et 1901. Pourtant, aucune trace de son décès dans les registres de Pierrefitte.

Recensement de 1896 à Pierrefitte

* Marie Stéphanie - Née en février 1852. Elle meurt sans s'être mariée en janvier 1871, à 18 ans seulement. Peut-être à cause des difficultés dues à la guerre?

* Marie Eugène Alfred Elysée - Né en juin 1855. Dernier enfant du couple. Heureusement, parce-que les prénoms choisis étaient de plus en plus étrange! Le petit se fera simplement appelé Alfred. Il se marie en 1874 avec une fille du village. Ils ont 2 enfants, dont un seul survit, puis ils partent vivre à Paris. Mais en 1882, il est de retour chez sa mère, où il meurt à l'âge de 27 ans seulement. Il était parti à Paris pour avoir une vie meilleure, mais il n'a pas réusi à trouver un travail. Impossible de savoir qu'elle était son adresse à Paris, j'ai cherché dans tous les arrondissements, aucune naissance ne correspond.


=> Le couple François HENRIOT - Marguerite DUPOIRIEUX a eu 13 enfants. 8 ont atteint l'âge adulte, et en 1896, dernière date où j'ai rencontré Marguerite DUPOIRIEUX, 3 seulement étaient en vie:
- Phélie, qui vivait à Valfroicourt. Aucune trace de sa mère là-bas, ni dans les registres ni dans les rencencements.
- Charles, resté à Pierrefitte. C'est là que sa mère a été vu pour la dernière fois, en 1896: elle habitait chez lui. Plus rien ensuite.
- Joséphine, la dernière en vie. Avec son mari, dans le bourg de Ville-sur-Illon. Et surprise, c'est là que je retrouve la trace de Marguerite! Le 16 mai 1898, Henri Alfred DELACHAMBRE vient déclarer la mort de sa grand-mère Marie-Marguerite DUPOIRIEUX, décédée la veille.

Et voilà qu'après des mois, je retrouve enfin celle dont j'avais perdu la trace et dont je m'étais fait à l'idée de ne jamais la retrouver. Comme quoi, un peu de méthode, ça aide! Et ça m'a permis de découvrir que cette famille n'avait pas eu une vie facile, entre celui mort à la guerre et son frère ayant raté sa nouvelle vie à la capitale.


Acte de décès de Marguerite DUPOIRIEUX / © AD88

Cela en fait la Doyenne féminine de ma généalogie: 84 ans, 1 mois et 19 jours.

vendredi 9 septembre 2011

Une heureuse rencontre

Entrée de Charmois-l'Orgueilleux / (c) Google Earth

Charmois-l'Orgueilleux, petite commune vosgienne coincée entre la Vôge et les Monts Faucilles. C'est dans ce village que mes recherches m'ont conduit. En effet, je me suis aventuré dans les registres paroissiaux du lieu, pour essayer de retrouver l'acte de décès de Joseph AUBERT, mon Sosa n°540. J'avais déjà réussi à dater sa mort entre 1763, où il était présent au mariage de son fils, et 1775, date de la mort de sa femme dans un village voisin, où elle est déclarée comme veuve.

Une échelle de 12 années, dans un petit village, normalement retrouver son acte de décès devrait être rapide. Je commence donc à éplucher les actes à partir de 1763. Ma tâche est d'autant plus facile que le curé a eu la bonne idée de noter le nom du décédé dans la marge.Je recherche Joseph AUBERT, et pourtant c'est un autre acte qui capte mon regard dans l'année 1765.

Acte de décès de Marie-Anne NEL / (c) AD 88 en ligne

Marie NEL, décédée le 25 août 1765. À priori, rien à voir avec mon Joseph AUBERT. Et pourtant, le nom "NEL" me tape dans l'oeil. Une rapide recherche sur mon arbre Généanet m'indique Marie Anne NEL, mon Sosa n° 269.

Il y a quelques temps déjà, j'avais cherché son acte de décès, sans jamais le trouver. Je savais juste qu'elle était décédée dans les années 1760. Son mari, Jean JOLY, est mort à Bains-les-Bains, une ville assez éloignée de Charmois, en 1767. Ses enfants étaient nés à Dommartin-les-Bois. Bref, rien n'indiquait qu'elle ait vécu ni même traversé Charmois-l'Orgueilleux. Cette découverte tient uniquement au hasard de mes recherches, j'aurais pu totalement passer à côté de cet acte si je n'avais pas eu Joseph Aubert.

En tout cas, je suis bien content d'avoir retrouvé Marie-Anne NEL. D'autant plus que je ne savais presque rien sur elle, sinon qu'elle s'était fiancée en 1742. C'est ça le problème avec les familles qui bougent beaucoup, les suivre s'avère souvent très difficile. De plus, aucun doute sur son identité, c'est bien "ma" Marie-Anne, puisque son mari sur l'acte est bien Jean JOLY, et que sa signature est identique à celle que j'avais déjà.

Et vous, avez-vous déjà eu ce genre de découverte? Trouver quelqu'un alors qu'on cherchait une autre personne n'ayant rien à voir, c'est toujours plaisant, même si c'est surprenant.

(Pour la petite histoire, Joseph AUBERT est bien mort à Charmois le 15 novembre 1774, à l'âge de 85 ans).



La Cabane de l'Étang à Charmois / (c) Brignon (Panoramio)

lundi 25 juillet 2011

Soldat de l'An II

Transcription du décès de Dëvoille Jean-Claude / AD 70

Décidément, mes ancêtres de Haute-Saône feront tout pour me surprendre. Après avoir découvert un ancien médaillé de Sainte-Hélène (c'est à dire ancien soldat de la Révolution et de l'Empire toujours vivant en 1857), me voici face à un Soldat de l'An II mort... pendant l'An II.

Jean-Claude DËVOILLE, mon Sosa n°892, naît dans le village franc-comtois de Corbenay le 5 août 1759. Il se marie à l'âge de 25 ans, en 1784, avec une fille de son village. Ils ont d'abord trois enfants, dont aucun ne survit. Puis vient la Révolution. La vie change-t-elle pour le couple? Je ne sais pas. Je sais juste qu'ils ont un petit garçon en octobre 1791, nommé François. Celui-ci survit. Mais il n'est encore qu'un nouveau-né que son père doit partir à la guerre: La République l'appelle.

Acte de décès de l'an II / AD 35

Malheureusement pour lui, il est envoyé dans les combats face aux Chouans dans la Guerre de Vendée. Je n'ai pas encore réussi à retracer son parcours, je sais juste qu'il est mort à l'Hôpital militaire Saint-Nicolas de Fougères, en Bretagne, le 12 pluviôse an II (31 janvier 1794). La situation de Fougères à cette époque devait être très violente: quelques semaines après sa mort, je trouve dans les registres de l'hôpital l'histoire d'un groupe de 5 ou 6 personnes tués sur les routes par "une bande de Brigands", les Chouans. Et tout le registre est parsemé de ce genre d'histoire, en plus des soldats morts loin de chez eux. Un lien? Quelques mois plus tôt, en novembre 1793 eu lieu la Bataille de Fougères, qui se termina par la victoire des Vendéens.

Sur cet acte de décès, on apprend que Claude Desvoiles (sic) était fusilier au 6ème Régiment d'Infanterie, Compagnie de Quetelle. Avant la Révolution, ce Régiment s'appelait le Régiment d'Armagnac. Son uniforme était blanc et bleu. Pourtant, Jean-Claude Dëvoille venait d'une région opposée à l'Armagnac. Comment a-t-il atterri dans ce régiment? Quelle était la vie d'un fusilier? Comment était composée et quelle est l'histoire de la Compagnie de Quetelle? Beaucoup de recherches à faire pour répondre à ces questions.

Uniforme du Régiment d'Armagnac (6ème RI)

En tout cas, Jean-Claude est mort. Il était rentré à l'hôpital 8 jours plus tôt, le 4 pluviôse. De maladie ou à cause d'une blessure? Son acte de décès ne sera retranscrit dans sa commune de naissance que le 15 frimaire an VII, soit près de 5 ans plus tard. Est-ce à cause des lenteurs de l'administration? Sa jeune veuve a-t-elle été prévenue avant? Elle se remariera et ne meurt qu'en 1832.

Jean-Claude DËVOILLE n'avait que 34 ans. Il est mort pour la République. Il était volontaire, il croyait peut-être à ces nouvelles idées de Liberté et d'Égalité. Il ne me reste qu'à retracer son parcours à travers les archives de la période révolutionnaire.


La République nous appelle,
Sachons vaincre, ou sachons périr.
Un Français doit vivre pour elle,
Pour elle un Français doit mourir.

Le Chant du Départ, 1794.


Sources:

lundi 11 juillet 2011

Le Doyen (2)

Il y a un an déjà, j'avais écrit un article sur Pierre Michel POUTAS, le doyen de mes ancêtres: c'est à dire celui ayant eu la vie la plus longue, dans tout mon arbre généalogique. Né en 1738 dans la Manche, il avait atteint l'âge respectable de 86 ans, 5 mois et 3 jours. Et bien, son record vient d'être battu!


Signature de François BIGEY / (c) AD 70


Le nouveau doyen s'appelle François BIGEY. C'est mon n° Sosa 434. Voici une petit évocation de ce que fut sa vie.

François BIGEY naît le 26 septembre 1774 dans le village de Corbenay, à l'extrême-nord de l'actuel département de la Haute-Saône. Fils de Jean BIGEY et Marguerite PARIS, il est le huitième des 13 enfants du couple. Son père est meunier, et il grandit avec l'amour de ses deux parents, qui meurent tous les deux en 1809, quand François a 35 ans. Il a donc vécu une enfance plutôt paisible.

Corbenay (70) / (c) Google Earth
La longue rue débouchant sur l'église



Mais la Révolution approche. François BIGEY a 18 ans en 1792, en pleine épopée révolutionnaire. Il a l'âge idéal pour partir combattre défendre les idées nouvelles. Et c'est d'ailleurs ce qu'il fait. Jusqu'à l'an V, il fait partie du 12ème Bataillon de Volontaires Nationaux de la Haute-Saône. Formé en septembre 1792, ce bataillon est integré à l'Armée du Rhin, et participe à la prise de Mayence en octobre 1792. Devant cet héroïque fait d'armes, le Bataillon obtient le promesse de ne pas servir contre l'étranger pendant un an. C'est ainsi qu'en 1793/1794, le bataillon, majoritairement composé le Haut-Saônois, se retrouve à "pacifier" la Vendée.



François BIGEY a participé à ces évenements. Pour la grande histoire, c'est la Guerre de Vendée. Pour la petite histoire, 4 hommes du 12ème Bataillon meurent à l'hôpital aux Sables d'Olonnes durant l'an V, le plus souvent de maladie. Combien sont morts durant les terribles combats qui ravagèrent cette région? En tout cas, notre François s'en sort. Et heureusement, car au pays, une fiancée l'attend...



Acte de naissance de Marie Bigey / (c) AD 70



François n'est pas encore marié. Le mariage est prévu pour son retour de l'armée. Sa fiancée s'appelle Marie Françoise PARIS, et le mariage est organisé pour le 24 nivôse de l'an V (13 janvier 1797). Seulement, la future mariée est enceinte jusqu'aux dents, et elle donne naissance à une petite fille 2 semaines avant le mariage! Le père est toujours soldat en Vendée, c'est sa grand-mère qui vient déclarer la petite. Ainsi, François a eu un beau cadeau en rentrant chez lui! Lors du mariage deux semaines plus tard, il "déclare et affirme qu'il est l'auteur de la dite fille et promet de lui donner tous les soins et éducation de paternité" (sic)



Après ce petit épisode révolutionnaire, François, devenu homme marié et père de famille, se calme. Il devient agriculteur, et au fil des années, lui et sa femme agrandissent la famille: au total, 13 enfants, dont seulement 5 atteindront l'âge adulte. La dernière naissance date de 1823. François et sa femme Marie Françoise éleveront les enfants survivants jusqu'à la mort de celle-ci, en juin 1834, après 38 années de mariage. François a déjà 59 ans, ses enfants sont déjà mariés et partis, et pourtant, il se remarie aussitôt avec une femme qui aurait pu être sa fille: elle s'appelle Marie-Thérèse BARRET, et le mariage a lieu en septembre, 3 mois seulement après la mort de sa première femme!



À ma connaissance, le nouveau couple n'a pas d'enfants. Les années passent, le couple vieillit. En 1844, ils fêtent leur dix ans de mariage. En 1852, Marie-Thérèse, qui avait pourtant 20 ans de moins que François, meurt la première: il est veuf pour la seconde fois, à l'âge de 77 ans.



Entre temps, après plusieurs régimes politiques, le Second Empire s'est mis en place. Sa Majesté l'Empereur Napoléon III, dans le but de légitimiser son régime, fait tout pour glorifier le passé napoléonien du pays. C'est ainsi qu'en 1857, l'Empereur instaure la Médaille de Sainte-Hélène, déstinée à décorer tous les anciens soldats ayant servi entre 1792 et 1815, et toujours en vie en 1857. À cette date, François Bigey, ancien soldat de l'An II, a 83 ans. Il a donc tous les critères pour recevoir la fameuse médaille, qui sera donnée à près de 405.000 anciens combattants.



Médaille de Sainte-Hélène / (c) Ebay



Pour savoir si une personne a reçu cette médaille, il existe un très bon site sur les Médaillés de Sainte-Hélène. Malheureusement, les archives de la Haute-Saône n'ont pas encore été analysées, et François BIGEY ne figure pas dans la base... Mais il avait tous les critères requis pour l'obtention de cette médaille.




François BIGEY est mort le 3 décembre 1862 dans son village de Corbenay, à l'âge de 88 ans, 2 mois et 7 jours. Il est de ce fait mon nouveau Doyen. Pour l'anecdote, le cadet de ma généalogie (mon ancêtre ayant vécu le moins longtemps), était aussi originaire de Corbenay: à lire ici.


- Sources:




  1. Wikipédia & Google Earth




P.S.: En cette semaine de 14 juillet, cette histoire révolutionnaire tombe parfaitement bien. Un petit hommage aux Soldats de l'An II, pour le 222ème anniversaire de la Prise de la Bastille.



samedi 2 juillet 2011

Encore une chute!

Un Schlitteur dans les bois de Vexaincourt (88)


Décidémment, mes ancêtres n'étaient pas des acrobates! Après la mort de Jean-François ALLAIS (n° Sosa 340), couvreur de 68 ans dans la Manche, et mort en tombant d'un toit en 1823, voici celle de Joseph POUR (n° Sosa 366), mort dans les Vosges à 54 ans... en tombant d'un sapin!



Acte de sépulture de Joseph POUR (1791) / (c) AD 88



L'an Mil sept cent quatre vingt onze le
onzième mars, nous avons inhumés dans le cimetière de la
Paroisse de Luvigny le corps de Joseph Pourre, manoeuvre
de Vexaincourt, paroisse de Luvigny, agé de cinquante
quatre ans, trouvé mort sous un grand Sapin dans les
Bois de France, le neuf du présent mois, vers dix heures
du matin, par une chute occasionnée du même arbre ou
il a été trouvé, comme il conote par la visite du Sieur
Lallevée, chirurgien, juré aux rapports du disctrict de
Blamont. L'inhumation a été faite en présence des Nicolas
Trartuc (?) père et fils demeurant à Luvigny qui ont signez avec
nous de ce enquis et interpellez suivant l'ordonnance.



Joseph POUR est donc mort en tombant d'un sapin... Que faisait un homme de 54 ans accroché en haut d'un sapin? Surtout qu'apparement, il n'était pas sagard, contrairement à la majorité des autres habitants. C'était un habitant de Vexaincourt, petit village à l'extrême nord-est du département des Vosges. À l'époque, il faisait partie du plus gros village voisin de Luvigny. Il n'a eu sa propre église qu'en 1851, et encore, celle actuelle, du plus pur style Art-Déco, date des années 1920, car la première église fut détruite lorsque les Allemands brûlèrent le village en 1915.


L'église actuelle de Vexaincourt / (c) Google Earth


Vexaincourt est l'une des communes les plus boisées de France. 94% de son territoire est recouvert d'une épaisse forêt de sapins. Le village culmine en plus à près de 400m d'altitude. L'acte de sépulture précise que Joseph POUR est mort au Bois de France. En 1791, Luvigny, et donc Vexaincourt, était intégré dans la Principauté de Salm-Salm, un petit territoire de 240km² enclavé en France, dont Voltaire disait "qu'il ne fallait pas plus d'une journée à un escargot pour en faire le tour"! La Principauté a été rattachée à la France par les révolutionnaires en janvier 1793. C'est sans doute à ce moment que le Bois de France a changé de nom, car je ne l'ai pas retrouvé sur les cartes IGN.




Je profite de ce billet pour partager une légende du village de Vexaincourt que je trouve très jolie. Il existe tout au sud du village, dans les montagnes, un petit lac très profond, vestige d'un ancien glacier: le Lac de la Maix. C'est le lieu d'un pélerinage depuis les temps celtiques. Au XIème siècle s'y est installé un ermitage, puis une chapelle. On raconte qu'un jour, un musicien étranger vint jouer du violon à cet endroit. Les habitants du village vinrent danser autour de lui. Ils étaient tellement occupés à danser et à écouter la musique qu'ils n'entendirent pas la cloche sonner pour qu'ils viennent prier. La punition divine arriva aussitôt: une crevasse s'ouvrit sous leur pied, et ils furent engloutit par les eaux. Le musicien n'était autre que le Diable en personne... C'est ainsi que fut créé le Lac, d'après la légende. En réalité, il n'est que la dernière trace d'un lointain glacier, disparu depuis des millions d'années. Mais c'est beaucoup moins féérique, avouons-le! ;-)


Lac de la Maix / (c) Google Earth

jeudi 23 juin 2011

Drôle de prénom


Registre des baptêmes de Xertigny (Vosges) / (c) AD88


Nicolas de Tolentaine fils légitime de Claude Thiébaut manoeuvre
et de Marie Pillard de La Rüe est né à dix heures du matin
le 10 septembre 1781 et a été baptisé le même jour. Il a eu
pour parrain Étienne Pillard du Rouillon et pour marraine
Jeanne Marguerite Jeandemange qui a fait sa marque, et
le parrain a signé avec moi.


Voici l'acte de baptême d'un des frères ainés de mon ancêtre Gengoult Thiébaut (1783-1832). L'acte date de 1780. Au départ, j'ai cru que le drôle de mot qui figurait après le prénom Nicolas était le hameau de la ville de Xertigny (88) où était né l'enfant. En fait ce n'est pas ça, puisque plus loin dans l'acte, on apprend que les parents sont originaires de La Rüe, un hameau de Xertigny.


Nicolas de Tolentaine. Après une recherche rapide sur Google, il s'avère que c'est le nom d'un saint italien: Nicolas de Tolentino. Né en 1245 en Italie centrale, c'est un moine de l'Ordre des Ermites de Saint-Augustin. Très doux et très généreux, on compte à son actif près de 300 miracles, dont la résurrection de plusieurs nouveaux-nés. Il était d'ailleurs le saint-patron des bébés et des mères. Ses symboles sont la fleur de lys, le Livre des Règles et l'étoile.


Saint Nicolas de Tolentino, d'après Il Garofalo (XVIe siècle)


Pourquoi un bébé né en 1780 porte-t-il le prénom d'un saint pratiquement inconnu mort presque cinq siècles plus tôt? Ce saint était protecteur des nouveaux-nés. Oui, mais il était loin d'être le seul. Par exemple, en Lorraine, lieu de ce baptême, le saint-patron de la région, Saint Nicolas, était aussi protecteur des enfants. Et il était beaucoup plus connu.



Une autre raison s'impose. Saint Nicolas de Tolentino est mort le 10 septembre 1305. En 1446, le Pape Eugène IV canonise ce saint, et le 10 septembre devient le jour de sa fête. Or le bébé dont on parle est né le 10 septembre 1780. Ses parents lui ont donc donné le prénom d'un des saints du jour. Aujourd'hui, ce sont les Inès qui sont fêtées le 10 septembre.



Pour la petite histoire, notre Nicolas de Tolentaine est mort le 3 mars 1787, à l'âge de 6 ans seulement.



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samedi 18 juin 2011

Un nouveau département

Et voilà, un nouveau département!

Toujours à la recherche de mes ancêtres, je remonte petit à petit le fil du temps et des branches. Originaire des Vosges, j'avais déjà vu avec étonnement certaines branches bifurquer vers des zones aussi éloignées que la Normandie ou l'Auvergne! Il faut dire que quand on commence dans la généalogie, on a toujours des clichés du genre "Nos ancêtres n'ont jamais quitté leur petit village". On se rend compte assez vite que comme n'importe quel cliché, c'est faux. Ainsi, j'avais jusqu'à aujourd'hui des ancêtres ayant vécu dans 11 départements différents (en bleu sur la carte), des Vosges à la Manche en passant par la Nièvre et le Puy-de-Dôme. Aujourd'hui vient s'ajouter un nouveau département: le Haut-Rhin.





Tout cela à cause (ou grâce, ça dépent du point de vue!) de mon Sosa n°327, une certaine Marie Anne HOUQUE. Et elle m'a donné du fil à retordre. D'abord, parce-que jusqu'à maintenant, je n'avais aucun acte la concernant directement: son nom, je le tenais des mariages et des décès de ses enfants, à des époques où elle était déjà décédée. Et dans ces actes, elle est citée sous le nom de Marie Anne HANS...


Heureusement, j'ai quand même fini par retrouver son acte de décès. Le 4 février 1815 à Fresse-sur-Moselle, dans une vallée au coeur de la montagne vosgienne. Voici cet acte:



Décès de Marie Anne Houque (c) AD88 en ligne


Outre le fait d'y apprendre son âge (68 ans, ce qui n'est pas mal!), le rédacteur précise qu'elle est "originaire de la commune d'Odre, département du Haut-Rhin". Curieux de découvrir un nouveau village, je vais sur Wikipédia, pour y trouver la liste des communes du Haut-Rhin. Malheureusement, je ne trouve pas le village d'Odre. Le plus proche se rapportant est Oderen, dans l'arrondissement de Thann. Pas de doute, il s'agit bien de la bonne ville: Oderen se trouve sur le versant alsacien des Vosges, à 23km seulement de Fresse, où est morte Marie Anne. De plus, dans son passé, avant d'appartenir à la région Alsace, Oderen dépendait des chanoinesses de Remiremont, comme Fresse, avant de glisser sous le contrôle de l'abbaye alsacienne de Murbach et des Habsbourg...



Oderen (68)


M'attendent désormais des recherches en Alsace... ce qui ne sera pas facile, étant donné que beaucoup de registres sont en latin, voire pire, en alsacien... Malheureusement, les Archives du Haut-Rhin n'ont mis en ligne que les registres d'état-civil, postérieurs à la Révolution. Or, Marie Anne Houque est née vers 1747... Je vais donc devoir mettre un peu de côté cette branche alsacienne.



Toujours selon Wikipedia, le village d'Oderen, bourg le plus peuplé de son baillage au XVIème sièvle, a été complétement ravagé pendant la Guerre de Trente Ans (1618-1648). Il a été repeuplé ensuite par des familles suisses et bavaroises. Alors, cette branche donnant sur Oderen va-t-elle déboucher sur une famille d'immigrés bavarois? C'est encore trop tôt pour le dire, mais ce serait une belle aventure!










mardi 14 juin 2011

Visualisation

Voilà juin, c'est bientôt les vacances.

Certains vont partir loin, et peut-être iront-ils sur la terre de leurs ancêtres. Ce n'est pas forcément la plage, mais c'est parfois tout aussi intéressant. Pour ceux qui ne peuvent pas partir, Internet peut servir de solution de remplacement. Sans pouvoir y aller soi-même, on peut tout de même visualiser ce que fut le cadre de vie de nos ancêtres.


-> Tout d'abord, il existe le site Delcampe.fr, un site d'enchère en ligne, du même type qu'Ebay. Ce site, francophone, est spécialisé dans la philatélie et dans la vente de cartes postales anciennes... très pratique pour nous! Ainsi, on peut trouver d'anciennes vues, datant souvent du début du XXème siècle, des villages nous interessant. Plus le village est petit, plus il sera difficile d'en trouver une carte postale. Autre inconvénient, dans la grande majorité des cas, seule l'église du coin a été immortalisée par le photographe. Peu importe, après tout, n'est-ce pas à l'église que nos chers aïeux ont été baptisés, mariés et enterrés?

Dans cet exemple, j'ai choisi le village d'Étienville, dans la Manche, où une partie de mes ancêtres a vécu jusque dans les années 1850. Voici une vue du calvaire et du chateau du village, devant lesquels mes ancêtres passaient sans doute devant tous les jours



Étienville (source: delcampe.fr)


-> Il existe aussi le fameux site de Google Earth. Son gros avantage, c'est que la société américaine vient de "numériser" la grande majorité des routes françaises. Ainsi, on peut se promener à travers la France en suivant ces routes. L'avantage de ce site, c'est que sont également référenciées des photos prises par des touristes, ainsi que des panoramas. Bien sûr, il n'y aura pas autant de photos à la Tour Eiffel qu'au fond de la Corrèze, mais il y a moyen d'y trouver son bonheur.


Pour mon exemple, j'ai repris Étienville, dans la Manche. Voici d'abord la vue du ciel du village normand, vu à 4km d'altitude.




Etienville vu du ciel (source: GE)


En zoomant, on arrive près de la surface du sol. À ce moment, il suffit de glisser le petit bonhomme jaune présent sur la droite de l'image vers une route de l'image, pour pouvoir entrer véritablement dans l'image. C'est ainsi que j'ai obtenu cette vue d'Etienville, qui donne une vision bien différente de celle vue du ciel.




On se rend compte que ce village est vraiment minuscule, et qu'il ne comporte que quelques maisons. En cliquant sur la route, on peut avancer dans l'image et ainsi visiter le village. C'est comme ça que j'ai trouvé la belle église du village tout au bout de la route, juste à côte du présbitère de la paroisse. On visualise vraiment mieux les lieux.



Un autre exemple, le village d'Espinasse, dans le Puy-de-Dôme, lieu d'origine d'une autre branche de mon arbre. Sur Delcampe, j'ai trouvé cette photo ancienne de l'église... que j'ai pu comparer avec une vue de la même église trouvée sur Google Earth. L'avantage de Google Earth, c'est qu'on peut naviguer dans le village, et ainsi mettre l'église dans son environnement.



Espinasse (source: Delcampe)

Espinasse (source: GE)


Et vous, connaissez-vous des astuces permettant de visualiser les villages de nos ancêtres?