jeudi 22 septembre 2011

Citations bibliques

Trouvé dans les registres paroissiaux du village de Cornimont, au coeur des montagnes vosgiennes, ces 2 citations bibliques, ainsi que ce dessin.


La première citation se trouve à la fin du registre des Sépultures de l'année 1766. Elle est accompagnée d'un dessin. Elle est en latin, alors que le reste du registre est bien en français.

"Sublevabis de corruptione vitam meam
Domine Deus meus
Jonæ Cap.II V.7
"

Il s'agit d'une citation issue de l'Ancien Testament, plus précisément du Livre de Jonas, Chapitres II, Verset 7. Oui, c'est bien le même Jonas que celui qui finit dans le ventre d'une baleine. D'ailleurs, la citation provient du moment où Jonas, dans le ventre de sa baleine, envoie une prière à Dieu. Dans la Bible en français, elle est traduite ainsi: "Seigneur mon Dieu , tu débarrasseras ma vie de la corruption". Mais le curé l'a un peu transformée, et dans ce registre, elle se traduit ainsi:

"Par la mort, Dieu débarrasse l’homme du poids du monde, de la corruption, (c’est-à-dire du péché), et lui ouvre les portes du Paradis"

Quant au dessin, il représente un catafalque, avec tous le matériel nécessaire au curé pour permettre au défunt d'être sûr d'entrer au Paradis: une petite marmite contenant de l'eau bénite, et un goupillon pour asperger l'eau bénite sur le cercueil, le tout encadré par 4 cierges. Même si le curé ne maîtrisait apparemment pas l'art de la perspective, son dessin reste quand même touchant, avec près de 250 ans de distance!


La deuxième citation provient du Registre des Baptêmes de l'année 1766. Pas de petit dessin cette fois, simplement ce texte:

"Corona senum filii filiorum
et gloria filiorum patres eorum
Proverb: Cap. XVII V.6"

Toujours issu de la Bible, cette fois du Livre des Proverbes, également dans l'Ancien Testament (chapitre 17, verset 6). On peut la traduire ainsi:

"Les parents tirent leur gloire de leur descendance , et les enfants de leurs ancêtres."

Décidément, ce curé était d'humeur poétique en cette fin d'année 1766!


Sources:

vendredi 16 septembre 2011

Une épine de la fin du XIXème siècle

Présentation d'une petite épine généalogique qui, sans me bloquer dans mes recherches, me chatouille bien le pied quand même!

Elle concerne Marie Marguerite DUPOIRIEUX (Sosa n°215). Fille de Jean-Nicolas DUPOIRIEUX et de Marie Marguerite FINEL, elle nait en mars 1814 à Pierrefitte, petit village de la plaine des Vosges. Son père descend d'une longue lignée d'instituteurs remontant à la fin du XVIIème siècle. Sa mère est simplement dentellière.

Signature de Marie Marguerite DUPOIRIEUX / (c) AD88

Marie Marguerite DUPOIRIEUX se marie dans son village en 1836. Elle a 22 ans, son futur également. Il s'appelle François HENRIOT et il est vigneron. Ils vont vivre 43 ans ensemble, jusqu'au décès dudit François en 1879. Elle a 65 ans, et jusque là, j'ai réussi à retracer sa vie. C'est après que ça se complique. Pas moyen de la suivre, et impossible de savoir où et quand elle est morte. La dernière trace que j'ai d'elle date de 1896, elle avait alors 81 ans.

Il faut procéder comme dans une enquête, et explorer toutes les pistes afin de la retrouver. De sa naissance en 1814 au moment où je perds sa trace en 1896, elle a toujours habité à Pierrefitte. Mais peut-être qu'en vieillissant, devenue veuve, elle est allée vivre chez un de ses enfants dans un autre village? Le seul moyen de le savoir est de faire la liste de tous ses enfants, de les retrouver et de voir qu'elle était leur situation au tournant du XXème siècle.


Pierrefitte, dans les Vosges / (c) Google Earth

De son mariage avec François HENRIOT en 1836 sont nés:

* François Arsène - Né en février 1837, soit 5 mois seulement après leur mariage. Il meurt à 11 mois.

* Marie Éloïse - Née en mars 1838. Elle se marie en 1868 avec un gars du village, Alexis GRANDJEAN. Elle meurt prématurément en mettant au monde la première fille du couple, le matin du 20 juin 1870. La petite ne survivra pas non plus.

* Marie Marguerite Félicité dite Phélie - Née en avril 1839. Elle sera la première fille que le couple mariera, en 1861. L'heureux élu est François-Xavier MATON, originaire de Valfroicourt. En 1896, elle est toujours vivante, et en 1906 elle est encore présente au recensement de Valfroicourt. Peut-être sa vieille mère s'est-elle réfugiée chez elle à Valfroicourt?

* Marie Rosalie Virginie, mon ancêtre - Née en avril 1841. Mariée en 1867 à Pierrefitte avec Jean Dominique Joseph GUYOT. Elle meurt en 1894 à Pierrefitte, elle n'a donc pas pu héberger sa mère après 1896.

* Marie Augustine - Née en décembre 1842, elle meurt à l'âge de 6 mois.

* Marie Léonie et Marie Joséphine - Deux petite jumelles nées en février 1842. La première ne vit que 3 jours et la seconde ne dépasse pas 2 jours de vie.

* Marie Catherine Eugénie - Née en février 1845, elle ne vit qu'une semaine. C'est la 4ème petite fille de suite que le couple doit enterrer, en moins de 3 ans.

* Marie Joséphine - Née en mars 1846. Encore une fille! Mais celle-ci survit. Elle se marie une première fois en 1872 avec un homme de l'âge de son père, Nicolas DELACHAMBRE, capitaine en retraite... Mais elle était enceinte de lui, et elle accouche 2 mois seulement après le mariage. Le mari meurt rapidement, et elle se remarie en 1886 avec François Céleste PETITDEMANGE, originaire de Ville-sur-Illon, un gros bourg du coin. Peut-être allé voir de ce côté?

* François Paul - Né en septembre 1847, c'est le premier garçon du couple qui survit plus d'un an. Malheureusement, il a 22 ans quand la guerre de 1870 éclate, et il est envoyé au combat... Engagé dans les Gardes-Mobiles des Vosges, il tombe malade en décembre 1870 sur les bords de la Loire, alors que les Prussiens viennent de prendre Orléans. Il meurt à l'hôpital militaire de Nevers en janvier 1871, après un mois de fièvre typhoïde. Sa famille ne sera prévenue qu'en mai. Il était célibataire. Son nom a été gravé sur le Monument aux Morts de la Guerre de 1870-71 de la ville de Darney, regroupant tous les morts du canton tombés au combat.

Monument 1870-71 de Darney (Vosges)

* Marie Charles Céleste - Né en décembre 1849. Et oui, il s'agit bien d'un homme! Bien sûr, dans la vie de tous les jours, il se faisait appeler Charles. Quelle idée de donner Céleste comme prénom à un petit garçon. Il se marie en 1877, mais il n'a pas d'enfant. C'est lui qui héberge sa mère après la mort de son père. En 1896, elle vit encore chez lui, avec la femme de son fils et la mère de celle-ci. Au recensement de 1901, Marie-Marguerite DUPOIRIEUX a disparu. Ce qui me laisse croire qu'elle est morte entre 1896 et 1901. Pourtant, aucune trace de son décès dans les registres de Pierrefitte.

Recensement de 1896 à Pierrefitte

* Marie Stéphanie - Née en février 1852. Elle meurt sans s'être mariée en janvier 1871, à 18 ans seulement. Peut-être à cause des difficultés dues à la guerre?

* Marie Eugène Alfred Elysée - Né en juin 1855. Dernier enfant du couple. Heureusement, parce-que les prénoms choisis étaient de plus en plus étrange! Le petit se fera simplement appelé Alfred. Il se marie en 1874 avec une fille du village. Ils ont 2 enfants, dont un seul survit, puis ils partent vivre à Paris. Mais en 1882, il est de retour chez sa mère, où il meurt à l'âge de 27 ans seulement. Il était parti à Paris pour avoir une vie meilleure, mais il n'a pas réusi à trouver un travail. Impossible de savoir qu'elle était son adresse à Paris, j'ai cherché dans tous les arrondissements, aucune naissance ne correspond.


=> Le couple François HENRIOT - Marguerite DUPOIRIEUX a eu 13 enfants. 8 ont atteint l'âge adulte, et en 1896, dernière date où j'ai rencontré Marguerite DUPOIRIEUX, 3 seulement étaient en vie:
- Phélie, qui vivait à Valfroicourt. Aucune trace de sa mère là-bas, ni dans les registres ni dans les rencencements.
- Charles, resté à Pierrefitte. C'est là que sa mère a été vu pour la dernière fois, en 1896: elle habitait chez lui. Plus rien ensuite.
- Joséphine, la dernière en vie. Avec son mari, dans le bourg de Ville-sur-Illon. Et surprise, c'est là que je retrouve la trace de Marguerite! Le 16 mai 1898, Henri Alfred DELACHAMBRE vient déclarer la mort de sa grand-mère Marie-Marguerite DUPOIRIEUX, décédée la veille.

Et voilà qu'après des mois, je retrouve enfin celle dont j'avais perdu la trace et dont je m'étais fait à l'idée de ne jamais la retrouver. Comme quoi, un peu de méthode, ça aide! Et ça m'a permis de découvrir que cette famille n'avait pas eu une vie facile, entre celui mort à la guerre et son frère ayant raté sa nouvelle vie à la capitale.


Acte de décès de Marguerite DUPOIRIEUX / © AD88

Cela en fait la Doyenne féminine de ma généalogie: 84 ans, 1 mois et 19 jours.

vendredi 9 septembre 2011

Une heureuse rencontre

Entrée de Charmois-l'Orgueilleux / (c) Google Earth

Charmois-l'Orgueilleux, petite commune vosgienne coincée entre la Vôge et les Monts Faucilles. C'est dans ce village que mes recherches m'ont conduit. En effet, je me suis aventuré dans les registres paroissiaux du lieu, pour essayer de retrouver l'acte de décès de Joseph AUBERT, mon Sosa n°540. J'avais déjà réussi à dater sa mort entre 1763, où il était présent au mariage de son fils, et 1775, date de la mort de sa femme dans un village voisin, où elle est déclarée comme veuve.

Une échelle de 12 années, dans un petit village, normalement retrouver son acte de décès devrait être rapide. Je commence donc à éplucher les actes à partir de 1763. Ma tâche est d'autant plus facile que le curé a eu la bonne idée de noter le nom du décédé dans la marge.Je recherche Joseph AUBERT, et pourtant c'est un autre acte qui capte mon regard dans l'année 1765.

Acte de décès de Marie-Anne NEL / (c) AD 88 en ligne

Marie NEL, décédée le 25 août 1765. À priori, rien à voir avec mon Joseph AUBERT. Et pourtant, le nom "NEL" me tape dans l'oeil. Une rapide recherche sur mon arbre Généanet m'indique Marie Anne NEL, mon Sosa n° 269.

Il y a quelques temps déjà, j'avais cherché son acte de décès, sans jamais le trouver. Je savais juste qu'elle était décédée dans les années 1760. Son mari, Jean JOLY, est mort à Bains-les-Bains, une ville assez éloignée de Charmois, en 1767. Ses enfants étaient nés à Dommartin-les-Bois. Bref, rien n'indiquait qu'elle ait vécu ni même traversé Charmois-l'Orgueilleux. Cette découverte tient uniquement au hasard de mes recherches, j'aurais pu totalement passer à côté de cet acte si je n'avais pas eu Joseph Aubert.

En tout cas, je suis bien content d'avoir retrouvé Marie-Anne NEL. D'autant plus que je ne savais presque rien sur elle, sinon qu'elle s'était fiancée en 1742. C'est ça le problème avec les familles qui bougent beaucoup, les suivre s'avère souvent très difficile. De plus, aucun doute sur son identité, c'est bien "ma" Marie-Anne, puisque son mari sur l'acte est bien Jean JOLY, et que sa signature est identique à celle que j'avais déjà.

Et vous, avez-vous déjà eu ce genre de découverte? Trouver quelqu'un alors qu'on cherchait une autre personne n'ayant rien à voir, c'est toujours plaisant, même si c'est surprenant.

(Pour la petite histoire, Joseph AUBERT est bien mort à Charmois le 15 novembre 1774, à l'âge de 85 ans).



La Cabane de l'Étang à Charmois / (c) Brignon (Panoramio)