La Dermanville est à l'époque un hameau faisant partie du Ban de Longchamp, à la frontière entre le Duché de Lorraine et la Franche-Comté française. Le jeune Joseph Arnould, né vers 1717, était donc lorrain. D'après le Curé de Rupt, il était milicien. Il existait bien en France la Milice provinciale. Cette milice, créée en 1688, servait à tenir les frontières françaises en cas de guerre. En gros, pendant que l'armée "régulière" se battait avec les ennemis sur le front, la milice occupait les places fortes frontalières, pour éviter une invasion du pays en cas de défaite de l'armée.
La milice a tenu ce rôle au cours de plusieurs guerres que connu la France au XVIIIème siècle, notamment pendant la Guerre de Succession d'Autriche, qui dura de 1741 à 1748, sous le règne de Louis XV.
Cette guerre débute lorsque la jeune Marie-Thérèse d'Autriche succède à son père l'Empereur Charles VI, en décembre 1740. Que vient faire la France dans cette histoire? Et bien, c'est une femme, et pour simplifier, le tout nouveau Roi de Prusse Joseph II décide de lui déclarer la guerre afin de récuperer la Silésie. La France, pour qui les Habsbourg (la famille de Marie-Thérèse) sont un ennemi héréditaire, décide de s'allier à la Prusse, ainsi que l'Espagne et la Bavière. De son côté, Marie-Thérèse est soutenue par le Royaume-Uni et les Provinces-Unies (Pays-Bas). Tout est en place pour une guerre européenne...
Rapidement, la Prusse signe la paix avec l'Autriche, qui lui permet de garder les territoires gagnés. La France se retrouve donc avec une guerre sur les bras où elle n'a aucun intérêt! Il se trouve qu'à la frontière nord du pays, il y avait les Pays-Bas Autrichiens et les Provinces-Unies, tout deux alliés contre la France. Alors que des batailles mettant en scène l'armée française se déroulaient partout en Europe (notamment à Dettingen en Bavière en 1743), il fallait bien protéger la frontière nord du Royaume!
Douai était une de ces places fortes tout près de la frontière. A l'époque, elle était entourée de murailles. Et comme prévu, c'est la milice provinciale qui tient la garnison de la ville. Parmi ces miliciens, un jeune paysan venant de sa Lorraine natale, Joseph Arnould. Que se passe-t-il à Douai en mai 1743? En tout cas, Joseph meurt le 24 mai. Des suites de blessures dues à un eventuel combat, ou tout simplement de maladie? Le curé ne le précise pas. Pas sur le champ de bataille, puisque que Joseph a eu le temps de recevoir les derniers sacrements.
Joseph est enterré le lendemain, dans le cimetière de l'église Notre-Dame. L'Eglise touche quasiment les remparts, on peut donc penser que Joseph avait pour mission de garder la Porte de Valenciennes, seule vestige des remparts de Douai à cet endroit. L'Eglise date du XIIIème siècle, mais a été remanié plusieurs fois au cours des siècles. Le cimétière a disparu, même s'il subsiste des tombes datant du XIIIème siècle sur le côté de l'Eglise.
Ce qui est étrange, c'est que Joseph Arnould était un milicien combattant pour la France, alors que logiquement il n'était pas Français, mais sujet du Duc de Lorraine (la Lorraine ne deviendra française que 23 ans après sa mort). On remarquera également l'orthographe du Curé de Rupt quand il écrit Douai: Doiye en Flandres...
Voilà tout ce qu'on peut apprendre sur la grande Histoire à partir d'un simple acte de décès!
Sources:
- Archives Départementales des Vosges: http://www.vosges-archives.com/ArchivesEnLigne/Recherches/
- Google Earth
- Wikipédia
- Le site de la ville de Douai: http://www.ville-douai.fr/index.asp
Si j'ai fait des erreurs, merci de me les signaler :-)
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