jeudi 10 juin 2010

Assassinat "violent"!

Pour vous raconter cette histoire, il faut tout d'abord que je vous présente un de mes ancêtres directs. Même s'il n'a aucun rapport avec cette histoire de meurtre. Il s'appelle Antoine Lafarge (Sosa 1000). Il fait partie de ma branche auvergnate, coincée dans un petit canton à l'extrême nord-ouest du Puy-de-Dôme. Je sais peu de chose sur lui. Je sais juste qu'il était présent au mariage de son fils, Denis Lafarge, mariage qui eut lieu un sombre jour de février 1752, à Bussières. Autant dire que je ne sais rien de ce cher Antoine, si ce n'est son prénom.

Je me mets donc en tête de retrouver sa date de décès, afin d'obtenir au minimum son âge! Mais où chercher? En effet, le mariage de son fils s'est déroulé à Bussières uniquement parce-que la bien-aimée (une certaine Françoise Parret) habitait ce lieu. Le futur, c'est à dire Denis, était né à Pionsat, gros bourg des environs, aujourd'hui devenu chef-lieu de canton; lors de son mariage, le curé signale que le père habite toujours Pionsat. C'est sans compter le fait que le jeune couple, quelques mois après leur mariage, s'est installé dans un autre petit village mitoyen: Saint-Maigner! Et si le père, surement âgé, était venu vivre chez son fils? Ce qui me fait trois lieux de recherches potentiels pour trouver l'acte de décès de ce vieil Antoine: Pionsat, Bussières et Saint-Maigner.

Courageux, je décide de m'attaquer aux registres du plus gros village, là où logiquement Antoine a dû rendre son dernier soupir. Je commence donc ma tache: lire tous les actes d'enterrements postérieurs à 1752. Pionsat étant quand même un assez gros village, il y a plusieurs pages de décès pour chaque année. Pas toujours très lisible en plus! Heureusement, à la fin des années 1750, le curé change; le nouveau écrivant mieux et m'offrant même le cadeau d'écrire le nom du trépassé en marge de l'acte!

1758, 1759, 1760... les années passent... J'ai bien quelques Defarge ou Farge, mais pas encore ce brave Antoine... Et puis, en 1761, un acte m'intrigue: il est beaucoup plus long que les autres! Et surtout, le décédé se nomme Pierre Cléret, et il se trouve que dans ma généalogie auvergnate, j'ai quelques Cléret. Sans doute un cousin plus ou moins éloigné qu'on pourra relié plus tard à l'arbre? me dis-je. Voici l'acte en question (Cliquer sur l'image):



Sa transcription:
L'an mil sept cent soixante un, et le dix neuf janvier
à quatre heures du soir a été enterré dans le cimetière de cette
Eglise Pierre Cleret agé d'entour vingt quatre ans de la
paroisse de St Magnier décédé hier dans la maison de la veuve
Morel, ou il avoit été conduit pour être plus aporté d'etre
soigné par des Chirurgiens de ce bourg, a cose des plais qu'il avoit
Reçu d'un coup de fuzil qu'ont luy avoit tiré deux jours
auparavant, auquel nous avons donné le Sacrement
d'extreme onction, n'ayant pu luy administrer les autres
Sacrement, et avons attendu l'ordre de Mrs les officiers de
cette justice, pour en faire l'inhumation, pnt audit enterremt
Gervais Foussat, Loüis Verneret, nos parroissiens et plusieurs
autres qui ont déclarés ne savoir signer de ce Enquis et a la minutte
a signé Rodde Curé de Pionsat


Un meurtre! Pierre Cléret a reçu un coup de fusil en 1761 en pleine campagne auvergnate. On le conduit alors au bourg le plus proche, afin de le faire soigner par un "chirurgien" compétent. Malheureusement, rien n'y fera, et après deux jours d'agonie sans doute très douloureuse, le jeune Pierre, 24 ans seulement, meurt. Peut-être quelqu'un habitant dans le 63, ou proche de Clermont-Ferrand pourra retrouver trace de cette affaire dans les AD63? Il y a sans doute eu enquête, et ainsi nous saurons qui a tiré sur Pierre, et surtout, pourquoi?


Je n'ai toujours pas pu rattacher Pierre Cléret à mon arbre.
A ce jour, Antoine Lafarge, qui a sans doute entendu parler de ce crime, est toujours porté disparu.
;-)



Vue de Saint-Maigner, où fut mortellement blessé Pierre Cléret le 6 janvier 1761.

4 commentaires:

  1. Il est bien possible que Pierre Clairet pratiquait de la contrebande.
    En effet, il existait une contrebande importante de sel en Combrailles en raison de la gabelle, impot supprimé à la revolution.
    Le grenier à sel pour St Gervais d Auvergne etait à la Villefranche, paroisse d Espinasse qui disposait egalement d une brigade des gabelles.
    bon nombre de laboureurs essayaient de passer du sel en Bourbonnais, par le bois de la Balade et de Pierre Brune pour ameliorer leurs revenus
    les cleret sont pour un grand nombre originaires du village de Montivernoux, village partagé entre les paroisses de ST MAIGNER, ESPINASSE et BUSSIERES
    donc, pure hypothese mais ce gars là, pouvait connaitre les bois, les chemins et les cachettes comme sa poche
    il pouvait passer le sel de nuit de preference jusqu au jour où les brigadiers l attendait.

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  2. Il est fort possible que Pierre CLERET était contrebandier.
    En effet, au temps de la gabelle (impot en vigueur jusqu à la revolution)une contrebande active existait en Combrailles pour passer le sel en Bourbonnais par le bois de la Ballade et celui de Pierre Brune.
    Le grenier à sel pour St gervais d Auvergne etait à la Villefranche, paroisse d ESPINASSE qui disposait également d une brigade des gabelles.
    Les CLERET sont souvent originaires de MONTIVERNOUX, village partagé entre les paroisses de BUSSIERES, ST MAIGNER et ESPINASSE.
    Les brigadiers d ESPINASSE ou BUSSIERE ...peuvent lui avoir tendus un piege.
    Il peut egalement avoir ete blesse par erreur par d autres contrebandiers, ce qui selon la légende arrivait parfois.
    C est une hypothèse parmi d autres mais le coup de fusil qu il a reçu m interpelle....

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  3. Merci pour votre commentaire, j'ignorais totalement ce fait! Il se trouve que j'ai trouvé un autre acte de décès, sur la paroisse de Saint-Maigner, en 1786, où un inconnu a "été assassiné dans le bois de Brégeat, justice de Pionsat", le bois est situé entre Saint-Maigner et Espinasse. Peut-etre une autre affaire de contrebandier?

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  4. vous vous trompez je suis toujours vivant
    Pierre CLERET

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