dimanche 26 décembre 2010

Il suffit d'un rien

La généalogie ne tient parfois qu'à un fil. Bah ouais, le destin fait bien les choses: il unit (avec plus ou moins d'amour) deux êtres de sexe opposés, qui passeront le restant de leurs vies à élever la progéniture qu'ils auront conçue. Mais parfois, il arrive que le destin se montre facétieux: il supprime l'un des deux époux avant que ceux-ci ait pu élever leur famille. C'est ainsi que de temps en temps, on se retrouve avec des orphelins en bas-âge, ou même pire, des couples qui disparaisse sans laisser d'enfants. Dans ce cas, dur d'établir une généalogie! Parfois même, il arrive que le jeune père ait juste eu le temps de procréer, et de mourir. C'est là que la généalogie ne tient qu'à un fil: sans cette nuit d'amour, il n'y aurait pas eu de bébé, donc pas de descendance.



J'avais déjà raconté il y a quelques mois la vie de mon ancêtre ayant vécu le plus longtemps (cf. Le Doyen). De son côté, pas de soucis: il avait eu tout le temps d'assurer sa descendance. Mais voici l'histoire de mon ancêtre ayant vécu le moins longtemps.




Son histoire se passe dans le village de Corbenay, au nord de la Haute-Saône. Pierre François COZERET (puisque c'est de lui qu'il s'agit) nait le 3 septembre 1828 au village. Son père François a 38 ans; sa mère Marie Thérèse FAIVRE a 10 ans de moins. Ils sont mariés depuis 5 ans, et ont déjà eu 3 enfants avant Pierre François. Ils en auront encore 4, ce qui fait un total de 8 enfants.


Pierre François grandit. Et, bizarrement, il se marie tôt. En 1848, il s'unit avec Marie Appoline DEVOILLE. Il a 20 ans seulement, et elle n'a que 18 ans! C'est d'autant plus étonnant que son frère aîné ne se mariera qu'en 1852, à l'âge de 27 ans, et que leur père avait 33 ans à son mariage!


Pierre François se marie donc en 1848. Son père l'assiste, mais sa mère est morte l'année précédente. De son côté, la mariée, qui n'est pas majeure, est assistée par ses 2 parents. Mais pourquoi un mariage si jeune? Une réponse s'impose: la jeune mariée accouche en mai 1849 d'une petite fille. Or, le mariage a eu lieu en décembre 1848... La jeune mariée avait donc quelques rondeurs lorsqu'elle a dit "oui" à Pierre François devant le maire!


C'est ainsi que le 1er mai 1849, Pierre François COZERET, cultivateur de son état et tout jeune marié âgé de 20 ans, déclare la naissance de sa fille Marie Célestine Elise COZERET. On peut s'attendre à ce que la petite ait bientôt de nombreux frères et soeurs, vu la jeunesse des parents. Et bien non, elle restera fille unique; son père meurt le 16 novembre 1852: il avait 24 ans, 2 mois et 13 jours...



Il laisse derrière lui une veuve de 22 ans seulement, avec une gamine de 3 ans sur les bras. Bien sûr, elle se remariera, ne serait-ce que pour subvenir aux besoins de sa fille. Un an et demi plus tard, elle épouse un homme venant de Besançon. Sa fille aura donc un beau-père. Et heureusement, car sa mère décedera en 1866, à 35 ans seulement. Ce qui fait que la petite se retrouve orpheline à 17 ans. Mais c'est une autre histoire.


Bref. Si ces deux jeunes villageois n'avaient pas "exprimer leur amour", imaginons, dans une botte de foin, par un beau jour de 1848, ils ne se seraient sans doute jamais mariés. Ou pas si tôt en tout cas. Et Pierre François serait mort sans avoir eu le temps de fonder une famille. Comme quoi, la généalogie ne tient pas à grand chose: sans cette rencontre d'une heure, toute une branche de ma famille n'aurait jamais vu le jour! Alors, imaginons s'il avait plu ce jour d'août 1848...


Couchés dans le foin


Joyeux Noël à tous!


mardi 14 décembre 2010

Différence d'instruction en France

Signature de Jean Nicolas Dupoirieux,
Instituteur (1755-1815)

Il y a quelques semaines, Mistike publiait sur son blog un article intitulé "Instruction en Queyras". On y apprenait que dans cette région des Hautes-Alpes, presque toute la population savait lire et écrire, alors que dans le reste du royaume, seuls les plus aisés avait eu accès à ces bases de l'instruction.
Ce n'était pas toujours le cas. Dans certaines régions françaises, on peut observer une alphabétisation précoce de la population, alors qu'ailleurs c'est le contraire. Et ainsi, en généralisant, on se rend compte, à travers les recherches généalogiques, que la moitié nord du pays était beaucoup plus alphabétisée que la moitié sud.

Comment s'en rendre compte? Par exemple, en repérant, lors des mariages, si les époux signent. Bien souvent, seul l'époux signe, la future "déclarant ne savoir signer, faute d'instruction". Pour cette étude, j'ai pris 3 communes: Gonneville, dans la Manche (nord du royaume de France), Saint-Maigner, dans le Puy-de-Dôme (moitié sud du royaume), et Uzemain, dans les Vosges (Duché de Lorraine jusqu'en 1766).
J'ai porté l'étude sur 4 périodes différentes, pour constater l'évolution de l'alphabétisation: 1700, 1750, 1800, 1850. Les études se portent sur 5 ans, pour avoir assez de matière à travailler (une quarantaine de mariage à chaque fois).

Voici les résultats: en bleu, le pourcentage d'hommes ayant pu signer à leur mariage. En rose, le pourcentage de femmes.



Première constatation: on remarque que les femmes sont loin derrière les hommes! Mais on pouvait s'attendre à cela.
Ensuite, on remarque effectivement une forte différence entre le nord et le sud: alors qu'une majorité d'hommes savait signer dans le nord dès 1700, il faudra attendre 1850 pour atteindre le même niveau dans le sud! Mais il existe aussi des disparité dans le nord: ainsi, la Lorraine dépasse fortement la Manche. Mais cet écart tend à disparaitre à partir du XIXème siècle.
Enfin, à partir du début du XIXème siècle, on assiste à une progression de l'alphabétisation partout en France: ainsi, en 1850, tout le monde savait signer à Uzemain. Les écoles de la IIIème République (à partir des années 1880) ont donc accentué ce mouvement d'alphabétisation généralisé.

Bien sûr, on ne peut pas généraliser pour seulement 3 villages. Mais ça donne une idée de ce qu'était l'alphabétisation en France aux XVIIIème et XIXème siècle.
Pour terminer, voici les graphiques montrant l'évolution dans le temps.
En jaune: Uzemain
En bleu: Gonneville
En rouge: Saint-Maigner.

Pourcentage d'hommes sachant signer



Pourcentage de femmes sachant signer



jeudi 2 décembre 2010

Recensements des Vosges

Une bonne nouvelle dans le monde de la généalogie en ligne: les Archives Départementales des Vosges proposent désormais les recensements numérisés pour toutes les communes vosgiennes, de 1886 à 1906. Avec un accès suivant la rue pour la grande ville qu'est Epinal.
Le tout est disponible ici.
C'est ainsi que je suis parti à la recherche de mon arrière-grand-père, Gabriel Louis POIROT, né en septembre 1901 à Epinal.

Et voici sa famille, vivant en 1901 dans le quartier ouvrier du Champ du Pin, au sud de la ville. On y trouve son père, Louis, 39 ans, qui travaille à l'usine textile Boeringer, à quelques rues de là. D'ailleurs, il habite dans une résidence ouvrière qui appartient aux Boeringer. Avec lui, on retrouve sa femme, Amélie, 38 ans et enceinte de mon arrière-grand-père, et les 7 enfants encore vivants du couple, qui ont entre 1 et 13 ans. Avec la famille, vivent 2 neveux de Louis, qui ont la vingtaine et qui travaille avec Louis à l'usine. A noter que la "petite" famille partage la maison avec un jeune couple d'Allemands qui viennent juste d'avoir un bébé.
Au total, cela fait 14 habitants, dont 4 bébés (de moins de 5 ans) au n°3 de la Route de Remiremont!
Si le nom des rues n'a pas changé, voici cette maison aujourd'hui...


mardi 30 novembre 2010

Abjuration d'un Luthérien


L'an mil sept cent quarante sept le jour St
André trente du mois de novembre s'est presenté
a la Porte de lEglise de Bain un Lutherien
nommé Emmanuel Georges qui apres avoir eté
suffissament instruit par la Religion Catholique
apostolique et Romaine par le Reverend pere Jean
Nepomucene Capucin predicateur du Couvent de
fontenois le Chateau en ayant recu la
permission de monseigneur de Toul dattée
du vingt cinq octobre année susditte, a
fait son abjuration, et aulieu du nom
Emmanuel on lui a donné celuy d'André
qui a eu pour parein le Sr André
Vallet propriétaire de la manufacture
Roialle dependante de Bain, et pour mareine
Demoiselle Barbe fleurent qui ont signé.

C'est la première fois que je trouve ce genre d'acte de baptême dans les registres. Mais peut-être était-ce courant?


Il s'agit de l'acte de baptême d'un adulte. Emmanuel Georges, jusqu'alors Luthérien, qui décide de revenir sur "le bon chemin" et de devenir catholique. Ce qui est étonnant je trouve, c'est que cet homme était Luthérien (créé en 1517), alors que la plupart des Français protestants étaient plutôt des Calvinistes (créé en 1536). Les 2 courants de la Réforme, d'abord autorisé par l'Edit de Nantes en 1598, avaient été interdits par Louis XIV en 1685. Il faudra attendre plus d'un siècle, pour que Louis XVI autorise les protestants à pratiquer leur culte en France, en 1787.

De toutes façons, en 1747, le village de Bains-les-Bains se trouvait à la frontière sud du Duché de Lorraine, toujours indépendant officiellement. Même si Toul, siège de l'évêché, était ville française depuis 1648. Et à cette époque, la Lorraine pratiquait la politique de la Contre-Réforme, surtout depuis le Duc Charles IV, qui réprima fortement les réformés.


Cette abjuration a eu lieu le 30 novembre 1747, il y a 263 ans tout juste... Le 30 novembre, c'est le jour de la Saint-André. C'est pourquoi ce nouveau catholique a été prénommé André... Mais aussi parce-que son parrain est André Vallet, et qu'il est coutume de donné le nom du parrain au nouveau baptisé. (Pour la petit histoire, Dom Calmet, l'historien lorrain du XVIIIème siècle qui écrivit un Dictionnaire, publié en 1756, rassemblant un article pour chaque village de Lorraine, dit, à l'article concernant Bains-les-Bains: "Cette fabrique de fer-blanc ayant passé en Lorraine en 1727 ou 28, le duc Léopold I permit au sieur Georges Puton [...] de faire cet établissement dans ses états. Elle appartient aujourd'hui au sieur Vallet, marchand à Nancy")



L'intérieur de l'église Saint-Colomban de Bains-les-Bains (Vosges)

Sources: Archives Départementales des Vosges, registres paroissiaux de Bains.

lundi 22 novembre 2010

Gonneville (Manche)

Quand j'ai commencé ma généalogie plus ou moins sérieusement, il y a maintenant quelques années, j'étais pratiquement sûr que tous mes ancêtres seraient des solides bûcherons, vivant isolés du monde dans les profondes forêts de la montagne vosgienne. C'est donc avec surprise que j'ai vu une de mes branches du côté paternel partir sans prévenir, au milieu du XIXème siècle, de l'autre côté de la France, dans la Manche, à quelques centaines de mètres seulement de la mer... Comme quoi, quand on part en généalogie, on ne sait jamais ce qui nous attend!

Gonneville est un village à l'extrême nord du département de la Manche. Il fait partie du canton de Saint-Pierre-Eglise. Aujourd'hui, il compte environ 800 habitants, répartis dans plusieurs hameaux: Valognes, les Carrières, etc... Ce qui peut surprendre dans ce village, c'est que l'église et son cimetière sont un peu à l'écart des habitations: ils se trouvent en face du chateau du village.


L'actuel territoire du village de Gonneville était déjà traversé par une voie romaine il y a 2000 ans. Comme toute la Normandie, il a subit l'invasion des Vikings, appellés Normands, dans les premiers siècles du Moyen-Âge. En tout cas, la seigneurerie de Gonneville remonte au Xème siècle: en 920, le sieur de Néhou, Richard de Saint-Sauveur, donne la paroisse de Gonneville à son fils Néel.
L'église de Gonneville se trouve à 4 km seulement de la mer. Elle est entourée par son cimetière. Je n'ai pas trouvé beaucoup d'informations à son sujet. L'église actuelle date des XIII/XIVème siècle. Elle a été remaniée au cours du XVIIIème siècle. A l'intérieur, on trouve un beau groupe polychrome et des statues datant des années 1500, ainsi qu'un maître-autel du XVIIIème siècle

Autre curiosité du village, juste en face de l'église, se dresse un magnifique chateau. La plus ancienne partie du domaine encore visible aujourd'hui date de 1311: ce sont les deux tours en pierre, construite par la famille de Courcy. Ce chateau a été construit sur les bases d'un ancien chateau médieval, aujourd'hui disparu. Ce chateau médieval a eu l'honneur de voir dormir Jean sans Terre lors de sa dernière nuit passée en Normandie, en 1203!
Le chateau a également été remanié en 1717. C'est de cette époque que date sa facade actuelle. Malheureusement pour le bâtiment, au milieu du siècle suivant, il eut pour propriétaire une certaine Dame Lambert... Elle ravagea plusieurs endroits du domaine, notamment ce qui reliait l'ancien donjon au reste du chateau. Elle pensait y trouver un trésor... qu'elle ne trouva pas, naturellement. Elle revendit le domaine en 1849, qui aujourd'hui, restauré, est transformé en chambres d'hôtes.

Naturellement, mes ancêtres n'ont jamais été propriétaires de ce chateau! Ils faisaient partie de la masse paysane du village. Pour l'instant, j'ai pu remonté jusqu'en 1689 dans les archives de Gonneville. Le 5 juillet de cette glorieuse année, alors qu'une grande partie de l'Europe vient de se mettre en guerre contre la France de Louis XIV, le jeune Michel MARION, âgé de 24 ans, épousait Olive LAUNAY, du même âge, au coeur de l'église du village.


Le couple aura plusieurs enfants, dont:
Catherine MARION (c. 1697 / 1777),qui donnera naissance à,
Pierre Michel PONTAS (1738/1825) et ainsi de suite
Françoise Suzanne PONTAS (1776/1850),
Jean-Charles MARION (1812/>1873),
Zacharie Frédéric Jean MARION (1852/>1911), qui est le premier a quitté le village de ses ancêtres, pour d'abord venir se marier dans le Calvados voisin, avant de venir s'installer dans les Vosges pour travailler dans une usine textile en cette fin de XIXème siècle.



Sources:

jeudi 11 novembre 2010

11 novembre 1918

Lundi 11 novembre 1918, 11h.00.
Sur le front, les clairons sonnent. Dans tout le pays, les cloches tintent: la guerre est finie. Après 52 mois d'enfer, les survivants vont pouvoir bientôt rentrer chez eux, voir les leurs. L'épreuve est finie. On imagine avec quel soulagement tous ces poilus ont entendu ce clairon.

Ils furent 8 millions de Français mobilisés. 1,4 million d'entre eux ne retrouveront jamais leur foyer, laissant des millions de veuves et d'orphelins. La catastrophe fut d'une telle ampleur que pratiquement toutes les familles françaises durent pleurer un mari, un frère, un père. Il est pratiquement impossible de ne pas trouver de trace de ce conflit si meurtrier dans nos généalogies.

En hommage à tous ces Poilus, je vais parler ici de 3 combattants qui partirent se battre pour la France, sans jamais revenir dans leurs familles. Justement, ils font partie de ma famille. Ma famille proche: ils étaient tout simplement les frères de mes aïeux. Trois, c'est déjà beaucoup. Et c'est sans compter les cousins, dont certains durent perdre la vie également...
Les voici:


*RICHARD Michel Eugène Arthur
-mon AAGP, j'ai déjà parlé de lui ici
-né en octobre 1887 à Vagney (88), il a 26 ans seulement quand il meurt
-marié en novembre 1910, il reconnait son petit Pierre né un an avant le mariage
-quand il doit partir en août 1914, sa femme est enceinte de 5 mois. Ce sera une petite fille
-malheureusement, il ne la verra jamais. Il meurt le 21 août 1914 à Abreschviller (Moselle)
-personne ne retrouvera jamais son corps. Un jugement le decretera mort en juin 1920.
-Il était 2ème classe aux 149ème Régiment d'Infanterie.
-Sa fiche "Mort pour la France"

*MARTIN Emile Joseph
-L'unique grand frère de mon AAGP Albert. Il avait 6 ans de plus.
-né en juillet 1881 à Ramonchamp (88), il a 37 ans quand il meurt.
-marié en octobre 1906 avec la fille de réfugiés alsaciens de la guerre de 1870.
-il meurt le 2 décembre 1918, alors que les combats sont terminés depuis un mois. En fait, il n'est pas mort lors d'un combat, mais au cours d'un accident alors qu'il était en service. On imagine la détresse de sa veuve quand elle a appris la mort de son mari, alors qu'il était sûr de rentrer chez lui, la guerre étant gagnée.
-il était 2ème Canonnier au 63ème Régiment d'Artillerie. En fait il faisait partie de la DCA, qui servait à abattre les avions allemands. Il est mort à Courcelles (Meuse)
-Sa fiche "Mort pour la France"

*DOILLON Henri Marcel
-C'était le frère aîné de mon AAGM Rose. Il avait 3 ans de plus.
-né en février 1894 à Corbenay (70), il a 20 ans tout juste quand la guerre éclate.
-il n'a même pas eu le temps d'avoir une petite fiancée avant de mourir. Il avait 21 ans seulement.
-il est mort 10 mai 1915 dans les terribles combats autour de Notre-Dame-de-Lorette, dans le Nord.
-il était 2ème classe au 17ème Régiment d'Infanterie. Son corps ne sera jamais retrouvé.
-Sa fiche 'Mort pour la France'

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Les Archives Départementales du Doubs continuent à mettre en ligne leurs fonds. En effet, sont désormais disponibles toutes les tables décénnales de l'origine à 1932, ainsi que les recensements de la population de 1906, pour les communes jusqu'à Besançon.

C'est ainsi que j'ai la joie de vous annoncer la naissance du petit BUTTET Raymond Victoire, né le 13 février 1917 à Pugey, petit village aux environs de Besançon. Le petit gamin a dû bien être fêté ce 11 novembre 1918!


Pour ceux qui veulent chercher des "proches" dans les fichiers de nos soldats Mort pour la France, voir le site Mémoire des hommes.

jeudi 28 octobre 2010

Mon épine généalogique

En réponse à l'article paru sur le blog La Gazette des Ancêtres, je décide de vous présenter à mon tour mon épine généalogique, dans l'espoir de pouvoir la retirer de mon arbre afin d'avancer dans cette branche.

Et le terme d'épine est bien trouvé. En effet, mon épine se situe en plein coeur de la forêt vosgienne, au milieu des bûcherons. Et c'est d'ailleurs tout ce qui en fait sa difficulté. Mais laissez-moi vous les présenter. Car il s'agit d'un couple, mes n° Sosa 90&91.

Charles RICHARD est un Vosgien du XIXème siècle. Il vit avec son épouse, Marie Anne MATHIEU, dans l'est du département, c'est à dire dans la partie montagneuse et très boisée. Du sapin, du hêtre, de l'épicéa... Charles est sagard. J'avais découvert ce métier enfant, quand lors d'une sortie scolaire, la maîtresse nous avait amené à la découverte d'une scierie des Hautes-Vosges. (HS-on: A l'époque, la seule chose qui m'avait impressionné, c'était les trous dans les troncs des arbres. Le guide nous avait expliqué que c'était les traces des boulets de canons prussiens lors de la guerre de 1870. Légende ou réalité? HS-off). Voici la définition que donne le dictionnaire du mot sagard: "Dans les Vosges, ouvrier qui débite le bois en planches." Charles travaillait donc dans la filière du bois; il était celui qui découpait les troncs en branches, à la scierie (dans les Vosges, les scieries étaient souvent actionnées par une roue à eau, car installées à proximité des ruisseaux descendants de la montagne.)

L'inconvénient de ce métier, c'est qu'on change souvent de scierie. En effet, le sagard et sa famille était hebergé à la scierie pendant un certain nombre d'années, avant de devoir partir vers une autre scierie. C'est dans ces démenagements que je perds la trace du couple RICHARD-MATHIEU. Dans les années 1870, âgés, ils vivent à La Bresse, village montagnard aujourd'hui devenu station de ski familiale. Je les retrouve lors des mariages de leurs enfants entre 1870 et 1877. Un peu plus loin, je trouve même la mort de Charles, le 27 mars 1877, à l'âge de 59 ans. Il est dit né à Raon-l'Etape, village à la frontière nord du département. Bien sûr, je ne retrouve aucune trace de son acte de naissance à Raon-l'Etape dans les années 1815/1820... Ce qui est étrange également, c'est que sur son acte de décès, sa femme est dite habitant dans un autre village. D'ailleurs, au début des années 1880, je trouve le décès d'une Marie-Anne MATHIEU dans ce village. Seulement, celle-ci est dite être sans famille connue, elle habite chez un habitant du village, c'est tout juste si l'on est au courant de son âge et de son prénom. Drôle de famille...

Sur les actes de mariage de leurs enfants, on apprend qu'ils sont tous né à Gérardmer, "la perle des Vosges", connu pour son lac, un peu plus au nord de la Bresse. C'est ainsi qu'entre 1843 et 1853, je trouve la trace de 7 enfants: 5 garçons et 2 filles. L'aîné s'appelle Jean-Baptiste, il est né le 21 juin 1843. Charles, son père, est donc supposé avoir 25 ans, ce qui semble probable pour un premier enfant. Mais, mystérieusement, aucune trace d'un éventuel mariage entre Charles et Marie Anne Mathieu les années précédent cette naissance. Aucune trace: le couple semble s'être évanoui dans la nature. Je suppose, étant donné le métier de Charles, qu'il devait travaillé dans une autre scierie dans un village voisin. Mais j'ai eu beau cherché dans toutes les communes de l'est du département, je n'ai trouvé aucune trace de ce mariage dans les tables décennales de 1833 à 1842. Pas plus de trace de la naissance de Charles, vers 1818.


Voici donc le problème: où se sont mariés Charles RICHARD et Marie Anne MATHIEU? Quand et où sont-ils nés?

J'espère un jour pouvoir répondre à ces questions.



Charles Richard, de sa plus belle écriture.
Ci-dessous: sa femme






Mise à jour 30/10/2010: Le mariage de Charles RICHARD et de Marie-Amélie MATHIEU a été retrouvé. Grâce aux deux commentaires anonymes, que je remercie beaucoup. Ils ont cherché sur le site Généalogie.com, et ils ont retrouvé en quelques clics ce que je cherchais depuis plusieurs mois (j'avoue ne pas avoir encore le réflexe Généalogie.com). Le mariage a eu lieu le dimanche 28 août 1842 à Ban-sur-Meurthe, à quelques kilomètres de Gérardmer. Le mariage a lieu 10 mois avant la naissance de leur premier enfant... cela colle parfaitement. Malheureusement, je n'ai pas trouvé trace de l'acte de mariage sur les Archives en Ligne des Vosges: en effet, les registres de cette commune s'arrête à l'an XI.

Par contre, grâce à ces renseignements précieux, j'ai pu retrouver en quelques minutes l'acte de naissance de Charles, à Saint-Rémy, à 5km de Raon-l'Etape. Autre surprise: c'est un enfant naturel légitimé. Ce qui peut paraitre étrange, car sur cette branche, pratiquement tous mes ancêtres sont des enfants naturels ou qui n'ont jamais connu leurs pères.


Acte de naissance de Charles HUSSON le 17/08/1818 à Saint-Rémy

jeudi 7 octobre 2010

Mort d'un Milicien

Trouvé dans les registres des sépultures de la ville de Rupt-sur-Moselle (sud-vosgien)



Dermanville joseph arnoul milicien agé de vingt
six ans est mort a doiye en flandres muni
des sacremens de penitence d'Eucharistie
et d'Extreme onction agé de vingt six ans
le vingt quatre may 1743 et a été enterré
le vingt cinq dans le cimétière de nôtre
dame.
NSSimon Curé de Rupt


La Dermanville est à l'époque un hameau faisant partie du Ban de Longchamp, à la frontière entre le Duché de Lorraine et la Franche-Comté française. Le jeune Joseph Arnould, né vers 1717, était donc lorrain. D'après le Curé de Rupt, il était milicien. Il existait bien en France la Milice provinciale. Cette milice, créée en 1688, servait à tenir les frontières françaises en cas de guerre. En gros, pendant que l'armée "régulière" se battait avec les ennemis sur le front, la milice occupait les places fortes frontalières, pour éviter une invasion du pays en cas de défaite de l'armée.



La milice a tenu ce rôle au cours de plusieurs guerres que connu la France au XVIIIème siècle, notamment pendant la Guerre de Succession d'Autriche, qui dura de 1741 à 1748, sous le règne de Louis XV.



Cette guerre débute lorsque la jeune Marie-Thérèse d'Autriche succède à son père l'Empereur Charles VI, en décembre 1740. Que vient faire la France dans cette histoire? Et bien, c'est une femme, et pour simplifier, le tout nouveau Roi de Prusse Joseph II décide de lui déclarer la guerre afin de récuperer la Silésie. La France, pour qui les Habsbourg (la famille de Marie-Thérèse) sont un ennemi héréditaire, décide de s'allier à la Prusse, ainsi que l'Espagne et la Bavière. De son côté, Marie-Thérèse est soutenue par le Royaume-Uni et les Provinces-Unies (Pays-Bas). Tout est en place pour une guerre européenne...




La porte de Valenciennes à Douai, vestige des remparts de la ville


Rapidement, la Prusse signe la paix avec l'Autriche, qui lui permet de garder les territoires gagnés. La France se retrouve donc avec une guerre sur les bras où elle n'a aucun intérêt! Il se trouve qu'à la frontière nord du pays, il y avait les Pays-Bas Autrichiens et les Provinces-Unies, tout deux alliés contre la France. Alors que des batailles mettant en scène l'armée française se déroulaient partout en Europe (notamment à Dettingen en Bavière en 1743), il fallait bien protéger la frontière nord du Royaume!



Douai était une de ces places fortes tout près de la frontière. A l'époque, elle était entourée de murailles. Et comme prévu, c'est la milice provinciale qui tient la garnison de la ville. Parmi ces miliciens, un jeune paysan venant de sa Lorraine natale, Joseph Arnould. Que se passe-t-il à Douai en mai 1743? En tout cas, Joseph meurt le 24 mai. Des suites de blessures dues à un eventuel combat, ou tout simplement de maladie? Le curé ne le précise pas. Pas sur le champ de bataille, puisque que Joseph a eu le temps de recevoir les derniers sacrements.



Porte principale de l'Eglise Notre-Dame, XIIIème siècle


Joseph est enterré le lendemain, dans le cimetière de l'église Notre-Dame. L'Eglise touche quasiment les remparts, on peut donc penser que Joseph avait pour mission de garder la Porte de Valenciennes, seule vestige des remparts de Douai à cet endroit. L'Eglise date du XIIIème siècle, mais a été remanié plusieurs fois au cours des siècles. Le cimétière a disparu, même s'il subsiste des tombes datant du XIIIème siècle sur le côté de l'Eglise.



Ce qui est étrange, c'est que Joseph Arnould était un milicien combattant pour la France, alors que logiquement il n'était pas Français, mais sujet du Duc de Lorraine (la Lorraine ne deviendra française que 23 ans après sa mort). On remarquera également l'orthographe du Curé de Rupt quand il écrit Douai: Doiye en Flandres...



Voilà tout ce qu'on peut apprendre sur la grande Histoire à partir d'un simple acte de décès!



Sources:

Si j'ai fait des erreurs, merci de me les signaler :-)




lundi 4 octobre 2010

Généalogie en direct: Episode 5

A la recherche des origines de la famille Koenig, voici où nous en sommes avant ce 4ème épisode:
-Jules Fernand Koenig (1897-1970), fils de;
-Emile Koenig (1873-1956), fils de;
-Aloïse Koenig (1842-après 1896), fils de;
-François Antoine Koenig (an III-1864), fils de;
-François Joseph Koenig (c.1767-1821).

On sait que le père de François Joseph était toujours vivant à son mariage en 1792 à Obernai. Il s'appelle François Antoine Koenig, et il vit encore à Nordheim, le village natal de Frantz-Josef. Il est veuf, et en imaginant que Frantz-Josef soit son premier fils et qu'il l'ait eu à 20 ans, cela nous donne un âge minimum de 45 ans. Malheureusement, en recherchant dans les archives de Nordheim et d'Obernai, je n'ai pas réussi à retrouver son acte de décès...

On sait qu'il a eu son fils vers 1767, à Nordheim. Or, les registres de baptêmes de Nordheim ont brûlé pour cette période. Impossible donc de retrouver le baptême de François-Joseph. Par contre, le registre des actes de mariage est sauf. On peut tenter de retrouver le mariage des parents de François-Joseph, puisqu'on connait leurs noms: François Antoine Koenig et Catherine Hauer. Encore faut-il qu'ils se soient unis à Nordheim.

On commence donc par trouver le registre des mariages de 1767, date supposée de la naissance de leur fils. Ils se sont donc logiquement marié avant. A partir de 1767, il suffit de remonter dans le temps pour trouver l'acte éventuel. Et par chance, en 1763, on trouve l'acte d'un mariage célébré entre Franciscum Antonium König et Catharinam Humann.



Et oui, car l'acte est en latin... autre caractéristique de l'Alsace. Quand les registres ne sont pas en allemand ou en alsacien, ils sont en latin. C'est la Révolution et la mise en place de l'Etat-Civil qui imposera le français dans les registres.



Et comme je n'ai jamais été très assidu aux cours de latin... Merci Généanet! Car il existe un forum spécial latin, où des bénévoles traduisent les actes. C'est ce que j'ai fait avec cet acte, ici. Et on y apprend énormement de chose.



Le mariage a lieu le 21 janvier 1763. François Antoine Koenig est maçon, loin des métiers du monde du vin qu'exerceront ses descendants à Nordheim puis à Obernai. Il est le fils de Francisci Galli König, que l'on peut essayer de traduire en français par François Gall Koenig, et de Anne Marie Jäger. Gall, drôle de prénom! Au moment du mariage, le père du marié est toujours vivant, mais sa mère est morte. Surprise, on apprend que le marié n'habite que depuis quelques années au village de Nordheim. Il est en fait originaire de Lustnau près du Rhin.






Après quelques recherches, on apprend que le seul village portant ce nom se trouve en Allemagne... Plus précisément dans le Bade-Wurtemberg. Mais le village de Lustnau n'existe plus aujourd'hui; il a été absorbé par la ville voisine de Tübingen en 1934. Aujourd'hui, ce n'est qu'un quartier au nord-est de la ville.



Il y a 115km de distance entre Lustnau et Nordheim. Ce qui ne devait pas être une mince affaire à faire dans les années 1750. A cette époque, Lustnau fait partie du Duché de Wurtemberg, dirigé par Charles II. Lors de son accession au pouvoir en 1728, le duc avait dû céder à la France les quelques terres qu'il avait en Franche-Comté et... en Alsace. Le pays est à majorité protestante. Et au moment de la naissance de François-Antoine, surement dans les années 1730, le petit duché était secoué par l'affaire du Juif Süss. Ou quand la petit histoire rejoint la grande...

Bien entendu, les recherches en Allemagne ne sont pas aussi facile qu'en France. D'abord à cause de la langue. Et puis parce-que l'organisation de l'état-civil n'est pas le même là-bas. Peut-être même les registres de cette époque n'existent plus. De toutes façons, ils ne sont pas en ligne, donc impossible de remonter plus loin dans le temps.




Finalement, on sait peut de chose de Frantz-Anton König. C'était un Allemand, à une époque où l'Allemagne n'existait pas. Il est né à Lustnau, un petit village tout proche de la grande ville de Tübingen, siège d'une prestigieuse université. C'était un Wurtembergeois plus précisément, du nom d'un des nombreux duché du Saint-Empire Romain Germanique. Il est le fils de Frantz-Gallen König (François-Gall Koenig) et de Anne Marie Jäger. Dans les années 1750, il quitte son pays pour venir vivre à Nordheim, petit village alsacien, où il se marie avec une jeune fille du pays le 21 janvier 1763. Il est donc né surement à la fin des années 1730. Elle s'apelle Catherine Hauman. François-Antoine Koenig meurt après 1792, on ne sait pas où ni quand.


Sources:

jeudi 23 septembre 2010

Généalogie en direct: Episode 4

A la recherche des origines de la famille Koenig, voici où nous en sommes avant ce 4ème épisode:
-Jules Fernand Koenig (1897-1970), fils de;
-Emile Koenig (1873-1956), fils de;
-Aloïse Koenig (1842-après 1896), fils de;
-François Antoine Koenig (an III-1864).

Le but de l'épisode d'aujourd'hui est donc de retrouver le père de François Antoine. Grâce aux 2 actes de mariages de François Antoine trouvés la dernière fois, on a déjà quelques infos sur son père. On sait qu'il s'appelle François Joseph Koenig, et qu'il était déjà mort au premier mariage de son fils. Comme nous sommes encore au XIXème siècles, les actes sont rédigés assez précisement, et l'Officier d'état-civil a inscrit que François Joseph Koenig est décédé à Obernai le 11 avril 1821. Apparement, les Koenig sont une famille ancrée durablement à Obernai. Il est probable qu'en remontant dans le temps, on ne quitte pas cette ville alsacienne.

Avec cette date du 11 avril 1821, on peut se rendre sur le site des Archives en ligne du Bas-Rhin. Naturellement, avec toutes les infos à notre disposition, on retrouve sans problème l'acte de décès. On y apprend que le décédé vivait au n°73 du Quartier Rouge, et qu'il avait 54 ans. Ce qui situe sa naissance autour de 1767, sous l'Ancien Régime. 54 ans, ce n'est ni jeune, ni vieux pour trouver la mort à cette époque. Comme ses descendants, François Joseph travaille dans le domaine du vin, puisqu'il est tonnelier. Mais première surprise: on lit qu'il est né à North heim (canton de Wasselonne). Pour la première fois depuis un siècle, la famille quitte Obernai! Et au passage, on apprend le nom des parents de François Joseph: François Antoine Koenig, et Catherine Humann. François Antoine, c'est aussi le nom du fils de François Joseph! Sans doute un hommage qu'il rendit à son père. Il est donc fortement probable que François Antoine (le Jeune) soit le 1er bébé du couple Koenig-Dietrich.




Le problème avec cet acte de décès, c'est que le rédacteur écrit mal. Ainsi, on lit North heim pour la commune de naissance de François Joseph. Or, cette commune n'existe pas! Le plus simple est de se réferer à une liste des communes actuelles du Bas-Rhin, comme celle disponible sur Wikipédia. Et on repère assez vite le village de Nordheim, qui se trouve justement dans le canton de Wasselonne. Pas de doute, il s'agit de la ville de naissance de François Joseph. Nordheim se situe à un peu moins de 20km d'Obernai. On s'en souviendra quand on recherchera l'acte de naissance baptême (puisque c'est sous l'Ancien Régime) de François Joseph.

Mais tout d'abord, cherchons son acte de mariage. On sait qu'il s'est marié avec Odile Dietrich, et que son fils François Antoine est né en 1795. On suppose qu'il ne s'est pas marié avant ses 20 ans, donc pas avant 1787 environ. Ce qui nous fait une date de mariage comprise entre 1787 et 1795. Le mariage s'est donc très probablement produit pendant la Révolution. Période trouble, puisque ce sont les débuts de l'Etat-Civil moderne. Pas de table decennales disponible pour chercher le mariage: on devra éplucher les mariages de chaque année entre 1787 et 1795!

En partant de 1795, on remonte donc les ans, dans l'espoir de trouver le mariage Koenig-Dietrich. Seulement, un gros soucis se présente: à partir de 1792, les actes sont entierement rédigés en allemand/alsacien, avec un alphabet très difficilement lisible pour les novices! Heureusement pour nous, le rédacteur a écrit les noms des contractants dans la marge. C'est ainsi que dans le registre de 1792, on trouve un acte de mariage au nom de Koenig François Joseph et Dietrich Marie Odile. Pas de doute, ce sont nos amoureux. Mais l'acte n'étant pas en français, impossible d'en tirer la moindre information...



La seule solution est de passer par l'entraide des Forums Généanet. Des spécialistes passionés pourront nous aider à passer cette étape difficile. Avec la Révolution apparaissent les premières difficultés... et plus nous reculeront dans le temps, plus les problèmes seront nombreux!


A la recherche de François Joseph Koenig...


A noter que François Joseph signe en allemand, Frantz Joseph König (oui, comme l'empereur dAutriche-Hongrie! :-D). Et qu'il signe d'une manière assez assurée, preuve qu'il avait reçu un minimum d'éducation.


Pour voir la traduction de l'acte sur Généanet: ici.
On y apprend que le mariage a eu lieu le 31 décembre 1792. Le marié habite Obernai depuis 15 mois. Il est donc arrivé dans la ville vers septembre 1791, peut-être à cause de la Révolution? En tout cas, au moment du mariage, son père est toujours en vie, alors que sa mère est morte (on remarquera que plus on remonte dans le temps, moins les actes sont précis. Ainsi on ne sait pas quand sa mère est morte exactement). L'acte nous donne un âge de 26 ans pour le marié, ce qui confirme la date de 1767, à Nordheim. Malheureusement, les registres de baptême postérieur à 1728 ont été brûlés lors de l'incendie du Tribunal de Strasbourg. Il faudra donc trouver un autre moyen pour continuer ce voyage dans le temps..


Pour récapituler: François Joseph Koenig est né vers 1767 dans le village alsacien de Nordheim. Il est le fils de François Antoine Koenig, maçon, et de Catherine Hauer. Tonnelier, il quitte son village en pleine Révolution pour s'installer à Obernai, où il épouse quelques mois plus tard Odile Dietrich, de 6 ans son aînée. Leur fils François Antoine, du nom de son père, nait 3 ans plus tard. Sa femme meurt en 1814, après 22 ans de mariage. Lui s'éteint en 1821, à l'âge de 54 ans.


Au prochain épisode, nous verrons si nous pourront rechercher François Antoine Koenig, le père de François Joseph.

mardi 21 septembre 2010

Hommage d'un fils à son père

Trouvé dans les registres paroissiaux du petit village vosgien du Clerjus, un acte de baptême datant de février 1708.

Joseph fils legitime de Dominique Gadenel
et de Marguerite Mongeot ses peres et mere
a ete baptise ce deuxieme febvrier mil sept
cents huict a eu pour parrein Jean Mongeot
et Anne Mongeot pour marreine laquelle ne
scachant ecrire a fait sa marque.


Jusqu'ici rien de bien spécial, il s'agit de la naissance du petit Joseph Gadenel. C'est la mention qui suit cet acte qui est peu banale.

Le 22 décembre 1816, soit plus d'un siècle plus tard, le fils de Joseph, devenu maire, rend un petit hommage à son défunt père. Ils étoit né 2 février 1708 ils et mort le 6 octobre 1764, ils a vecue 56 ans et vu par moi son fils le 22 décembre 1816. RIP Amen.
A noter les fautes d'ortographe, jusque dans la formule latine!

Il se trouve que Gadenel était le maire du Clerjus au début du XIXème siècle. Pourquoi le maire du village a-t-il exhumé des archives l'acte de baptême de son père datant de 112 ans? Il devait bien s'ennuyer dans la montagne vosgienne en ce 22 décembre 1816...

jeudi 9 septembre 2010

Généalogie en direct: Episode 3

A la recherche des origines de la famille Koenig, voici où nous en sommes:
-Jules Fernand Koenig (1897-1970), fils de:
-Emile Koenig (1873-1956), fils de:
-Aloïse Koenig (1842- après 1896).

Le but de l'épisode d'aujourd'hui est donc de retrouver le père d'Aloïse. L'acte de mariage d'Aloïse et d'Anne Madeleine Schmitt en 1868 nous apprend beaucoup de chose sur le père du marié. Cette acte nous servira de point de départ. On y découvre que le père du marié s'appelle François Antoine Koenig, qu'il était cuvetier, et qu'il est mort à Obernai le 24 avril 1864. La première chose à faire sera d'aller trouver cet acte dans les registres en ligne du Bas-Rhin.



François est âge de 68 ans à son décès. Ce qui fait remonter sa naissance aux alentours de 1796, en pleine période révolutionnaire. Cette fois, dans son acte de décès, François est dit être un tonnelier, alors qu'à son mariage, son fils a dit qu'il était cuvetier. Quoi qu'il en soit, François a travaillé dans le monde viticole, ce qui semble assez logique en Alsace. On apprend également qu'il est né à Obernai, et qu'il s'est marié deux fois au cours de sa vie: une première fois avec Anne Marie Fliess, sans doute décédée assez jeune, puis une seconde fois avec Barbe Streicher, la mère d'Aloïse, qui survivra à son mari.


Toujours sur cet acte, on découvre que François Antoine est le fils François Joseph Koenig et d'Odile Dietrich, tout deux décédés. L'étude des témoins est également intéressante. Le premier témoin est François Joseph Koenig, âgé de 63 ans, frère de décédé. Il faut garder cette information de côté, qui nous sera utile lorsqu'on commencera une généalogie descendante des Koenig. L'autre témoin n'est autre que notre Aloïse, fils du décédé.


Maintenant que le cadre est posé, la prochaine étape sera de retrouver les actes de mariage de François. Son dernier mariage est celui avec Barbe Streicher. Or, on sait que le couple a eu Aloïse en 1842. Leur mariage est donc antérieur à cette date. Comme on est encore au XIXème siècle, un rapide coup d'oeil dans les tables décénnales d'Obernai nous permet de voir que le couple s'est uni le 5 février 1838. Ne reste plus qu'à retrouver l'acte!

Comme prévu, c'est le deuxième mariage d'Antoine. En 1838, il est veuf d'Anne Marie Fliess, et il a déjà 42 ans. Ce qui confirme sa naissance dans les années 1796. Pourtant, dans l'acte, l'officier d'état-civil a écrit que François est né le 15 juin 1775. Une erreur (de 20 ans!) commise par l'officier? Le premier acte de mariage de François nous confirmera sa date de naissance. Pour l'instant, sur celui-ci, on en apprend plus sur les parents de François. Son père, François Joseph, était déjà mort depuis plus de 15 ans (il est mort le 11 avril 1821) et sa mère depuis près de 25 ans! (Elle est morte en 1814). Quant à la mariée, elle a près de 10 ans de mois que François.



A la recherche de François Antoine...


Plus loin dans l'acte, on apprend que la 1ère femme de François est morte le 29 mai 1836, moins de deux ans avant son remariage. Pour retrouver le premier acte de mariage de François, il faudra écumer les tables décennales d'Obernai antérieures à 1836.

Et l'acte est vite retrouvé, à la date du 9 février 1824 (soit 14 ans avant son remariage, presque jour pour jour!) . Et cette fois, la date de naissance de François est confirmé: il est bien né le 15 juin 1795, et non 1775 comme l'avait inscrit l'officier d'état-civil en 1838. Il ne nous reste plus qu'à récuperer son acte de naissance.

1795, c'est près de 6 ans après la prise de la Bastille. Le Roi est mort, la République est installée. Il y a un élément à ne surtout pas oublier, c'est que pendant toute la période de la Révolution, les nouveaux gouvernants ont tout fait pour mettre en place une nouvelle société. Allant jusqu'à instauré un nouveau calendrier... Pour retrouver l'acte de naissance de François, il nous faut donc convertir la date du 15 juin 1795. Il existe de nombreux site sur Internet pour faire cette conversion. Par exemple, ici. Et au final, on obtient la date du 27 prairial an III. Très poétique, comme mois!

Ne reste plus qu'à se reporter à cette date dans les archives du Bas-Rhin. Et l'acte est vite retrouvé!

L'écriture devient de plus en plus difficile en lire. En plus, pour la première fois, l'acte est entièrement manuscrit: il n'y a pas de mots pré-imprimés. C'est normal, nous sommes à la naissance de l'Etat-Civil moderne, créé aux premiers jours de la Révolution.Que nous apprend l'acte? Déjà, qu'à cette époque, Obernai s'appelait Oberehnheim, c'est à dire le nom allemand de la ville. Etrange, puisqu'à cette époque l'Alsace était française. On en apprend aussi plus sur les parents de François. Son père, François Joseph König, est âgé de 28 ans quand il déclare ce bébé. Ce qui place sa naissance vers 1767. Le couple habite au Quartier Rouge à Obernai. A noter que dans les témoins, figure une femme, alors que pendant tout le XIXème siècle, seuls des hommes pouvaient être témoin. A noter également que, pour la première fois, le nom de famille Koenig a changé d'ortographe, pour devenir König. Phonétiquement, c'est le même son, mais plus on reculera dans le temps, plus l'ortographe en sera aléatoire. Une dernière chose encore, dans la marge de l'acte, le marie d'Obernai a eu la gentillesse de convertir la date du 27 Prairial an III en 15 juin 1795. Sympa ;-)

Pour récapituler: François Antoine Koenig est né le 15 juin 1795 à Obernai, en Alsace. Il est le fils de François Joseph, 28 ans, et d'Odile Dietrich, 32 ans. Il perd sa mère à l'âge de 19 ans, et son père à l'âge de 26 ans. Il se marie une première fois le 9 février 1824, avec Anne Marie Fliess. Il a 29 ans. Sa femme meurt 12 ans plus tard. Il se remarie donc en 1938 avec Barbe Streicher, et donne naissance à Aloïse en 1842, à l'âge de 47 ans. Il meurt le 24 avril 1864, âgé de 68 ans, en ayant toujours habité sa ville d'Obernai, et en ayant toujours travaillé dans les tonneaux de vin.

Au prochain épisode, nous rechercherons le père de François Antoine, François Joseph König.

mardi 7 septembre 2010

Site pratique

Pour tout ceux qui, comme moi, n'arrive pas bien à visualiser les lieux où vivaient leurs ancêtres, voici une adresse très pratique pour retrouver au premier coup d'oeil les villages voisins du village où ont lieu nos recherches. Un exemple avec la carte des Vosges.



La carte existe pour tous les départements. ces cartes départementales proviennent du site de l'AJPN, Anonymes, Justes et Persécutés pendant la période Nazie. Pour avoir un département, cliquez sur le numéro du département dans la liste ci-dessous:

01-02-03-04-05-06-07-08-09-10-11-12-13-14-15-16-17-18-19-20-21-22-23-24-25-26-27-28-29-30-31-32-33-34-35-36-37-38-39-40-41-42-43-44-45-46-47-48-49-50-51-52-53-54-55-56-57-58-59-60-61-62-63-64-65-66-67-68-69-70-71-72-73-74-75-76-77-78-79-80-81-82-83-84-85-86-87-88-89-90-91-92-93-94-95

Malheureusement, ce sont les communes actuelles qui sont représentées, et certains villages qui ont existé ne figurent pas sur ces cartes, suite aux regroupements ou aux créations de nouveaux villages.

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Tout autre chose, la semaine dernière sur France 2 était diffusé un documentaire sur la généalogie. On suivait Vincent Pérez et Clémentine Célarié sur les traces de leurs ancêtres. Même si ce n'était pas de la généalogie pure, et qu'on ne remontait pas forcément loin dans le temps (l'histoire de paysans ayant vécus au XVIIIème siècle, sans photo d'eux, est beaucoup moins télégénique que les malheurs vécus par la famille proche de Vincent Pérez au XXème siècle), j'ai trouvé ce documentaire très réussi, surtout pour Vincent Pérez, avec beaucoup d'émotion. Mais pour plus d'informations, voir les articles ici et.

mardi 31 août 2010

Généalogie en direct: Episode 2

Dans l'épisode précédent, nous avions étudié d'un peu plus près la vie d'Emile Koenig. Né en Alsace le 10 avril 1873, il était venu s'installer dans les Vosges pour épouser une fille du pays, Louise Mercier, le 23 mai 1896. Il est mort à Epinal en 1956, à l'âge de 82 ans.

Sur son acte de naissance à Oberehnheim (Obernai), on apprend que son père Aloïse Koenig est âgé de 32 ans, alors que sa mère Anne Madeleine Schmitt a 31 ans. Aloïse est donc né vers 1841. Si on admet qu'il s'est marié après ses 20 ans, on peut situer la date de son mariage avec la demoiselle Schmitt entre 1861 et 1873. De plus, sur l'acte de naissance d'Emile, l'un des témoins s'appelle Philippe Koenig. Il est journalier, comme Aloïse, et est âgé de 26 ans. On peut supposer que c'est un frère cadet d'Aloïse. Ce sera une info à vérifier plus tard.

Direction les Archives du Bah-Rhin, pour voir si Aloïse s'est marié à Obernai/Oberehnheim. Il faut vérifier dans les tables décennales les mariages ayant eu lieu dans cette ville, en partant de 1873 et en remontant dans le temps. Bien sûr, les TD de 1863 à 1872 sont écrites en allemand. Cependant, on retrouve assez vite un mariage entre un Koenig Elian et une Schmitt Anna Magdalana, en date du 9 November 1868. Aloïse et Elian sont-ils la même personne? C'est fort possible, étant donné que l'officier d'état-civil à écrit en style Fraktur (Kurrentschrift), que je me sois trompé dans la lecture du prénom.


Mariage d'Aloïse Koenig en 1868


A la date du 9 novembre 1868, on trouve l'acte de mariage d'Aloïse Koenig et Anne Madeleine Schmitt. L'avantage, c'est qu'il a été rédigé à une époque où l'Alsace était encore française. On y apprend que le marié est né dans la bonne ville d'Obernai le 18 juin1842, fils de Koenig François Antoine, décédé à Obernai le 24 avril 1864, et de Streicher Barbe, agée de 64 ans (donc née vers 1804.)


Quant à la mariée, née en 1840 à Molsheim, à 10 km au nord d'Obernai, repasseuse, seule sa mère est présente au mariage. En effet, son père a disparu et est sans domicile connu. On ne sait même pas s'il est encore vivant.


Les jeunes mariés étaient-ils pauvres? En tout cas, l'acte de notoriété passé devant le Juge de Paix d'Obernai, pour rendre officiel la disparition du père de la mariée, a eu un "timbre gratis", car les mariés étaient "indigents". Et aucun des 4 témoins au mariage ne fait partie de la famille proche d'Aloïse.


Trouver l'acte de naissance d'Aloïse ne sera pas d'une grande utilité, puisque nous connaissons déjà sa date de naissance et le nom de ses parents. Cependant, il est toujours bon de le trouver afin de confirmer les informations que nous possédons déjà. Pas de surprise,on trouve bien l'acte de naissance à la bonne date: Aloïse, né le 18 juin 1842 à 5h.00, fils de François Antoine, tonnelier âgé de 47 ans, et de Streicher Barbe, 38 ans. Le bébé est né au n°144, Quartier Rouge, Obernai. Rien de surprenant donc. Si ce n'est l'acte se trouvant sous celui de notre Aloïse. En effet, il s'agit de l'acte de naissance d'un certain Pierre Paul Koenig, frère jumeau et cadet d'Aloïse!


Il est étonnant que ce Pierre Paul Koenig n'ait pas assisté au mariage de son propre frère jumeau 26 ans plus tard. Peut-être était-il mort avant? Un rapide tour des les TD d'Obernai nous apprend que le petit cadet est mort le soir du 4 octobre 1842, alors qu'il n'avait même pas encore 4 mois. Ce décès a dû, même inconsciemment, marqué le petit Aloïse. Perdre son frère jumeau n'est pas quelque chose d'anodin.



L'Eglise d'Obernai où se maria Aloïse en 1868

Nous connaissons maintenant le début de la vie d'Aloïse. Né en 1842, il a perdu son frère jumeau alors qu'ils étaient encore bébé. Il est devenu tonnelier (pas étonnant en Alsace), avant de perdre son père à l'âge de 22 ans. Il se marie en 1868 avec Anne Madeleine Schmitt. Malgré la guerre de 1870 et l'annexion de l'Alsace par l'Allemagne, le couple ne quitte pas tout de suite Obernai, car leur fils Emile y né en 1873. En 1896, au mariage d'Emile, on apprend que le couple Koenig-Schmitt, toujours en vie, habite désormais Giromagny, dans le tout nouveau Territoire de Belfort. On ne sait pas quand est mort Aloïse.


Heureusement pour nous, le Territoire de Belfort a mis en ligne récemment ses archives (voir le mode d'emploi sur le Blog Généanet). Par chance, ce département a aussi numérisé les listes nominatives de recensements. Ces listes, rédigées tous les 5 ans, sont très pratiques: d'abord parce-qu'on connait ainsi l'adresse de ses ancêtres, et surtout parce-qu'on peut connaître la composition d'un ménage à une date précise.


Giromagny, 1896. Il y a 112 pages! Comme on ne connait pas l'adresse d'Aloïse et de Madeleine à cette époque, on doit éplucher toutes les pages. Et on retrouve le couple à la page 54. Le couple habite n°10, rue Thiers. Les deux époux ont chacun 54 ans. Ils habitent avec deux de leurs enfants: Julie, âgée de 21 ans, travaille à l'usine du village. Son frère Charles, qui a 15 ans, également.

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Comme l'adresse d'Aloïse nous est connue, on pourra maintenant suivre la vie de la petite famille, en regardant dans les listes de recencement tous les 5 ans. Malheureusement, il semble que le 10, rue Thiers ait été une auberge. Et en recherchant dans les listes de 1891 et de 1901, je n'ai pas retrouvé Aloïse... Il est possible que lui et sa famille aient souvent déménagé en quittant l'Alsace. En tout cas, je n'ai pas pu trouver son acte de décès.

Au prochain épisode, nous rechercherons le père d'Aloïse, François Antoine Koenig.

jeudi 26 août 2010

Généalogie en direct: Episode 1

Il y a quelques années, le Blog Généalogie avait créé un Feuilleton généalogique, dont le but était de prendre une personne au hasard dans les registres d'état-civil en ligne (dans leur cas, une certaine Mlle. Moutet, habitant un petit village des Alpes Maritimes), et de remonter son ascendance le plus loin possible, en exposant les problèmes rencontrés.

A mon tour, j'ai repris ce principe. J'ai choisi comme point de départ une personne de ma généalogie, et qui en même temps n'en fait pas tout à fait partie. Il s'agit de Jules Fernand Koenig. Né en 1897 à Monthureux-sur-Saône (Vosges), il s'est marié une première fois en 1919. Après un divorce, il épouse en 1933 une veuve, Rose Philomène Doillon. Cette veuve a une fille, la petite Blanche, née en 1926 et qui a perdu son père à l'âge d'un an. Jules Koenig lui servira donc de père pendant toute son enfance et son adolescence, même si biologiquement il n'est pas son père. Il se trouve que la petite Blanche est mon arrière-grand-mère. Voilà pourquoi Jules Koenig fait partie de mon arbre sans y être.

Après cette introduction, les recherches peuvent commencer. Sur l'acte de naissance de Jules Fernand Koenig, daté du 28 juillet 1897, on apprend que son père est Emile Koenig, 24 ans, fileur de coton, et que sa mère est Louise Augustine Mercier, 19 ans, fileuse de coton. Avec ce nom de famille (Koenig), on peut penser qu'Emile est un de ses nombreux Alsaciens, venus habiter dans les Vosges après la guerre de 1870. Et vu l'âge des jeunes parents, on peut penser que leur mariage est tout récent.

Un petit tour dans les tables décennales de Monthureux-sur-Saône nous apprend que le jeune couple s'est marié le 23 mai 1896. Le petit Jules est donc très certainement leur premier enfant.



On y apprend qu'Emile Koenig est né à Oberehnheim, en Basse-Alsace, le 10 avril 1873. Nos soupçons sont donc confirmés! La Basse-Alsace correspont sans doute à l'ancien département du Bas-Rhin. Emile est le fils d'Aloïse Koenig, 55 ans, et de Anne Madeleine Schmitt, 54 ans. Ils ne sont pas présents au mariage de leur fils, car ils habitent à Giromagny, un petit village du Territoire de Belfort, près de la frontière allemande.

(Comme je ne m'intéresse qu'à la branche Koenig, pour ne pas trop me disperser, je laisse de côté pour le moment la mariée et sa famille. Simplement, Louise Augustine Mercier est une fille du pays, puisqu'elle est née à Monthureux en 1877)



A la recherche d'Emile Koenig...

Emile est donc né en 1873, juste après l'annexion de l'Alsace par l'Allemagne, à Oberehnheim. Il s'agit sans doute du nom germanisé d'une ancienne ville française. La liste de correspondance franco-allemande des communes alsaciennes disponible sur Wikipédia sera utile: Oberehnheim est le nom allemand de la ville d'Obernai, ville typiquement alsacienne du Bas-Rhin. Heureusement pour nous, le département du Bas-Rhin a mis en ligne très recemment ses archives. Un petit tour sur leur site s'impose.

Le site est très agréable d'utilisation (voir le mode d'emploi sur le Blog Généanet). Il faut donc choisir les archives de la ville d'Obernai. Emile étant né en 1873, son acte de naissance sera très certainement en allemand, l'Alsace étant allemande depuis 2 ans. L'acte se trouve dans le registre des naissances de 1873, à la page 14.


Comme prévu, l'acte est en allemand. Mais autre difficulté, il est écrit en Fraktur, police d'écriture descendant directement du gothique allemand. Heureusement, les très bon Forums d'entraide de Généanet m'ont permis de traduire cet acte. On savait déjà qu'Emile était le fils d'Aloïs et de Anne Madeleine Schmitt. Ils ont 31 et 32 ans à la naissance de leur fils, ils se sont donc probablement mariés dans les années 1860. Ce qui nous aiderait, car à cette époque l'Alsace était encore française. La prochaine étape consistera donc à rechercher les actes concernant Aloïse Koenig.

P.S.: Emile Koenig était-il allemand? En effet, selon l'Article 2 du Traité de Francfort, mettant fin à la guerre de 1870, tout Français habitant dans les territoires cédés à l'Allemagne, s'il veut conserver sa nationalité française, devra faire une déclaration à la Préfecture pour transporter son lieu de domicile en France. La date limte étant le 1er octobre 1872. Or, Emile est né le 10 avril 1873...

P.S.2: Emile est décédé le 6 mars 1956 à Epinal (Vosges) à l'âge de 82 ans.

mardi 24 août 2010

Il y a 96 ans (2)

21 août 1914 - Cela va bientôt faire un mois que le pays est en guerre. Partout, sur la frontière, les combats sont violents. C'est ce qu'on appellera la Bataille des Frontières. Le but de l'armée française étant de pénétrer en Alsace-Lorraine pour reprendre le contrôle de la région, et de poussée l'armée allemande jusqu'à la rive gauche du Rhin. D'ailleurs, dans les premiers jours de la guerre, la ville de Mulhouse avait été libérée, avant d'être reprise par les Allemands. Ce que n'avait pas prévu l'Etat-Major français, c'est que l'Allemagne attaquerait la France en passant par la Belgique, violant ainsi la neutralité du petit pays. Ce qui provoquera d'ailleurs l'entrée en guerre de l'Angleterre aux côtés de la France. Bref, en ce 21 août 1914, sur tous les fronts, l'armée française recule, devant la contre-offensive musclée de l'armée allemande.



Mais revenons d'abord sur le 149ème Régiment d'Infanterie. Basé à Epinal avant la guerre, il est essentiellement composé de Vosgiens et de Haut-Saônais, qui combattent donc dans leur région. A la déclaration de la guerre, le Régiment est désigné pour occuper les cols des Hautes-Vosges, qui donnent sur la frontière. Dans l'article précédent, nous l'avions laissé dans ces cols, le 9 août, lors de sa première rencontre avec les Allemands. Le 12 août, le Régiment quitte les cols, et prend direction plus au nord, vers Sarrebourg. Le 18 août commence l'offensive de Sarrebourg. Le Régiment, et toute la Ière Armée, sont entrés de 20km dans les terres allemandes. Un peu plus au Nord, la IIème Armée marche sur Morhange. Le 149ème d'Infanterie est basé sur le village d'Abreschviller, 5km derrière Sarrebourg.




Mais côté allemand, le Kronprinz Rupprecht, jusqu'alors tenu à un rôle uniquement défensif, demande à ses supérieurs s'il peut entrependre un contre-offensive, contre les Ière Armée française à Sarrebourg, et IIème Armée française sur Morhange. Et cette contre-offensive fonctionne! Dès le 20 août, les Français doivent évacuer Morhange et Sarrebourg. Les Allemands continuent de faire reculer nos troupes.


Le 20 août à midi trente, le 149ème, toujours basé sur Abreschviller, reçoit l'ordre de se porter vers Sarrebourg, pour combattre. Malheureusement, au moment même où le régiment s'apprête à quitter le village, l'artillerie allemande l'attaque. La 4ème Compagnie reçoit comme ordre de tenir position à un carrefour au nord du village, en hauteur, avec l'Artillerie, pour contrer l'Artillerie allemande. Les combats durent. Après la surprise, nos soldats organisent une contre-offensive qui débute à 17h. 30. Les combats ont lieus tout autour du village, un poste de secours étant installé à Abreschviller même, pour soigner nos bléssés, nombreux. La nuit tombe, les combats continuent. A 22h., on peut voir du hameau de Biberskiry de grand feux: les Allemands viennent de l'occuper. Pire, la liaison avec le 31ème Bataillon de Chasseurs vient d'être perdue.

Le lendemain, le Colonel reçoit l'ordre de tenir les lignes, en attendant la reprise de l'offensive. Mais dès 5h., les Allemands attaquent vivement nos troupes, en partant de Biberskiry, occupé depuis la veille au soir. Sur notre droite, le 3ème bataillon est débordé par un ennemi supérieur en nombre. On signale des nombreux morts parmi nos rangs. La 10ème compagnie reçoit l'ordre de protéger le repli du bataillon, qui se reforme dans le village d'Abreschviller. A 10h. du matin, l'objectif ennemi est d'occuper le village voisin de Lettembach. Les restes du 3ème bataillon sont réunis pour aller défendre le village. La 4ème compagnie est toujours au nord d'Abreschviller, en soutien de l'Artillerie. Bientôt, c'est tout ce qui reste du Régiment qui vient occuper la route menant à Lettembach: le village ne doit pas tomber aux mains des Allemands. Les combats sont très violents, et durent jusqu'à 17h. Le Régiment se replit vers Saint-Quirin.

La journée a été désastreuse. Le Régiment compte 35 morts, et 287 blessés, mais surtout 224 hommes disparus lors des combats! On ne sait pas s'ils ont été fait prisonniers par l'ennemi, ou s'ils sont morts. Les journées suivantes seront identiques. Peu de gens le savent, mais la journée la plus meurtrière de la Grande Guerre fut le 22 août 1914, avec 27.000 soldats tués en cette seule journée. Sans compter que les journées suivantes sont toutes aussi meurtrières. Car l'armée française continue de reculer, partout sur le front. En Lorraine, les Allemands pensent déjà prendre Nancy. C'est encore pire en Belgique, où les armées alliées se replieront jusqu'à la Marne, le 5 septembre. Ce sera la Bataille de la Marne, qui sauvera Paris. Et les 4 années suivantes, le front ne bougera plus, les soldats s'enterrant dans les tranchées...




Si je m'interesse au 21 août 1914, c'est parce-que parmi les 224 hommes du 149ème d'Infanterie, figurait Michel RICHARD, simple soldat de 2ème classe de la 4ème Compagnie. J'ai déjà parlé de lui dans l'article précédent. Sa femme enceinte se trouvait à Epinal. Quand elle accouche en décembre 1914 d'une petite fille, elle ne sait toujours pas que son mari est mort depuis plusieurs mois. Sur l'acte de naissance de sa fille, Michel est considéré comme vivant, même si l'enfant est déclarée par une sage-femme. Il faudra attendre la fin de la guerre, pour qu'un jugement déclare la mort de Michel. Son corps ne sera jamais retrouvé, et sa femme a dû vivre toute la durée de la guerre dans l'espoir du retour de son mari, peut-être prisonnier chez les Allemands.

Le 23 juin 1920, le Tribunal Civil d'Epinal rend jugement: le soldat Michel Eugène Arthur est déclaré Mort pour la France, près de 6 ans après sa disparition. Ce jugement permet à sa femme d'être considérée comme une veuve de guerre; ainsi elle pourra toucher une pension pour élever ses jeunes enfants.

Le 12 juillet 1928, soit 14 ans après les faits, sa fille Hélène est Adoptée par la Nation, suivant un jugement du Tribunal des Vosges. En clair, elle qui n'a jamais connu son père devient une Pupille de la Nation, c'est à dire que la République Française devra la protéger, et lui assurer un soutien moral et matériel, jusqu'à ses 21 ans.


Ces 2 articles avaient pour but de rendre hommage à un de ses nombreux soldats, morts dans la boucherie que fut la Première Guerre Mondiale. Pour ne pas qu'il tombe dans l'oubli. Surtout que le même jour que lui, une personne beaucoup plus célèbre décédait également.