
lundi 25 juillet 2011
Soldat de l'An II

lundi 11 juillet 2011
Le Doyen (2)
François BIGEY naît le 26 septembre 1774 dans le village de Corbenay, à l'extrême-nord de l'actuel département de la Haute-Saône. Fils de Jean BIGEY et Marguerite PARIS, il est le huitième des 13 enfants du couple. Son père est meunier, et il grandit avec l'amour de ses deux parents, qui meurent tous les deux en 1809, quand François a 35 ans. Il a donc vécu une enfance plutôt paisible.

Corbenay (70) / (c) Google Earth
La longue rue débouchant sur l'église
Mais la Révolution approche. François BIGEY a 18 ans en 1792, en pleine épopée révolutionnaire. Il a l'âge idéal pour partir combattre défendre les idées nouvelles. Et c'est d'ailleurs ce qu'il fait. Jusqu'à l'an V, il fait partie du 12ème Bataillon de Volontaires Nationaux de la Haute-Saône. Formé en septembre 1792, ce bataillon est integré à l'Armée du Rhin, et participe à la prise de Mayence en octobre 1792. Devant cet héroïque fait d'armes, le Bataillon obtient le promesse de ne pas servir contre l'étranger pendant un an. C'est ainsi qu'en 1793/1794, le bataillon, majoritairement composé le Haut-Saônois, se retrouve à "pacifier" la Vendée.
François BIGEY a participé à ces évenements. Pour la grande histoire, c'est la Guerre de Vendée. Pour la petite histoire, 4 hommes du 12ème Bataillon meurent à l'hôpital aux Sables d'Olonnes durant l'an V, le plus souvent de maladie. Combien sont morts durant les terribles combats qui ravagèrent cette région? En tout cas, notre François s'en sort. Et heureusement, car au pays, une fiancée l'attend...

Acte de naissance de Marie Bigey / (c) AD 70
François n'est pas encore marié. Le mariage est prévu pour son retour de l'armée. Sa fiancée s'appelle Marie Françoise PARIS, et le mariage est organisé pour le 24 nivôse de l'an V (13 janvier 1797). Seulement, la future mariée est enceinte jusqu'aux dents, et elle donne naissance à une petite fille 2 semaines avant le mariage! Le père est toujours soldat en Vendée, c'est sa grand-mère qui vient déclarer la petite. Ainsi, François a eu un beau cadeau en rentrant chez lui! Lors du mariage deux semaines plus tard, il "déclare et affirme qu'il est l'auteur de la dite fille et promet de lui donner tous les soins et éducation de paternité" (sic)
Après ce petit épisode révolutionnaire, François, devenu homme marié et père de famille, se calme. Il devient agriculteur, et au fil des années, lui et sa femme agrandissent la famille: au total, 13 enfants, dont seulement 5 atteindront l'âge adulte. La dernière naissance date de 1823. François et sa femme Marie Françoise éleveront les enfants survivants jusqu'à la mort de celle-ci, en juin 1834, après 38 années de mariage. François a déjà 59 ans, ses enfants sont déjà mariés et partis, et pourtant, il se remarie aussitôt avec une femme qui aurait pu être sa fille: elle s'appelle Marie-Thérèse BARRET, et le mariage a lieu en septembre, 3 mois seulement après la mort de sa première femme!
À ma connaissance, le nouveau couple n'a pas d'enfants. Les années passent, le couple vieillit. En 1844, ils fêtent leur dix ans de mariage. En 1852, Marie-Thérèse, qui avait pourtant 20 ans de moins que François, meurt la première: il est veuf pour la seconde fois, à l'âge de 77 ans.
Entre temps, après plusieurs régimes politiques, le Second Empire s'est mis en place. Sa Majesté l'Empereur Napoléon III, dans le but de légitimiser son régime, fait tout pour glorifier le passé napoléonien du pays. C'est ainsi qu'en 1857, l'Empereur instaure la Médaille de Sainte-Hélène, déstinée à décorer tous les anciens soldats ayant servi entre 1792 et 1815, et toujours en vie en 1857. À cette date, François Bigey, ancien soldat de l'An II, a 83 ans. Il a donc tous les critères pour recevoir la fameuse médaille, qui sera donnée à près de 405.000 anciens combattants.
Médaille de Sainte-Hélène / (c) Ebay
Pour savoir si une personne a reçu cette médaille, il existe un très bon site sur les Médaillés de Sainte-Hélène. Malheureusement, les archives de la Haute-Saône n'ont pas encore été analysées, et François BIGEY ne figure pas dans la base... Mais il avait tous les critères requis pour l'obtention de cette médaille.
François BIGEY est mort le 3 décembre 1862 dans son village de Corbenay, à l'âge de 88 ans, 2 mois et 7 jours. Il est de ce fait mon nouveau Doyen. Pour l'anecdote, le cadet de ma généalogie (mon ancêtre ayant vécu le moins longtemps), était aussi originaire de Corbenay: à lire ici.
- Sources:
- Wikipédia & Google Earth
P.S.: En cette semaine de 14 juillet, cette histoire révolutionnaire tombe parfaitement bien. Un petit hommage aux Soldats de l'An II, pour le 222ème anniversaire de la Prise de la Bastille.
samedi 2 juillet 2011
Encore une chute!

Décidémment, mes ancêtres n'étaient pas des acrobates! Après la mort de Jean-François ALLAIS (n° Sosa 340), couvreur de 68 ans dans la Manche, et mort en tombant d'un toit en 1823, voici celle de Joseph POUR (n° Sosa 366), mort dans les Vosges à 54 ans... en tombant d'un sapin!
L'an Mil sept cent quatre vingt onze le
onzième mars, nous avons inhumés dans le cimetière de la
Paroisse de Luvigny le corps de Joseph Pourre, manoeuvre
de Vexaincourt, paroisse de Luvigny, agé de cinquante
quatre ans, trouvé mort sous un grand Sapin dans les
Bois de France, le neuf du présent mois, vers dix heures
du matin, par une chute occasionnée du même arbre ou
il a été trouvé, comme il conote par la visite du Sieur
Lallevée, chirurgien, juré aux rapports du disctrict de
Blamont. L'inhumation a été faite en présence des Nicolas
Trartuc (?) père et fils demeurant à Luvigny qui ont signez avec
nous de ce enquis et interpellez suivant l'ordonnance.

Vexaincourt est l'une des communes les plus boisées de France. 94% de son territoire est recouvert d'une épaisse forêt de sapins. Le village culmine en plus à près de 400m d'altitude. L'acte de sépulture précise que Joseph POUR est mort au Bois de France. En 1791, Luvigny, et donc Vexaincourt, était intégré dans la Principauté de Salm-Salm, un petit territoire de 240km² enclavé en France, dont Voltaire disait "qu'il ne fallait pas plus d'une journée à un escargot pour en faire le tour"! La Principauté a été rattachée à la France par les révolutionnaires en janvier 1793. C'est sans doute à ce moment que le Bois de France a changé de nom, car je ne l'ai pas retrouvé sur les cartes IGN.

Je profite de ce billet pour partager une légende du village de Vexaincourt que je trouve très jolie. Il existe tout au sud du village, dans les montagnes, un petit lac très profond, vestige d'un ancien glacier: le Lac de la Maix. C'est le lieu d'un pélerinage depuis les temps celtiques. Au XIème siècle s'y est installé un ermitage, puis une chapelle. On raconte qu'un jour, un musicien étranger vint jouer du violon à cet endroit. Les habitants du village vinrent danser autour de lui. Ils étaient tellement occupés à danser et à écouter la musique qu'ils n'entendirent pas la cloche sonner pour qu'ils viennent prier. La punition divine arriva aussitôt: une crevasse s'ouvrit sous leur pied, et ils furent engloutit par les eaux. Le musicien n'était autre que le Diable en personne... C'est ainsi que fut créé le Lac, d'après la légende. En réalité, il n'est que la dernière trace d'un lointain glacier, disparu depuis des millions d'années. Mais c'est beaucoup moins féérique, avouons-le! ;-)

Lac de la Maix / (c) Google Earth